- L’examen du projet de loi de Finances se poursuit à l’Assemblée nationale pour tenter de doter la France d’un budget pour 2026.
- Mais cette période d’incertitude pèse sur de nombreux secteurs en France, et notamment sur les communes.
- Faute de visibilité sur leurs subventions et dotations, certaines ont décidé de mettre leurs projets en cause.
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Avec l’instabilité politique, la France aura-t-elle un budget 2026 ?
Le chantier devait commencer au mois de juin dernier. Mais aujourd’hui, la rénovation de l’hôtel de ville d’Onet-le-Château, dans l’Aveyron, est sur pause. Pourtant, les travaux sont indispensables : le bâtiment est mal isolé, énergivore et plombe les factures de chauffage. « Nous voilà sur une façade de l’hôtel de ville qui pose problème. Elle prend l’eau lorsque les conditions climatiques sont dégradées. Il faudrait la faire assez rapidement. Mais nous n’avons pas les moyens actuels de réaliser cet investissement »,
témoigne le maire de la ville, Jean-Philippe Keroslian.
En cause : les incertitudes budgétaires. La commune ne sait par exemple pas si elle bénéficiera en 2026 du Fonds vert. Une enveloppe d’État destinée à financer la transition énergétique. « Les évolutions récentes, notamment à l’Assemblée nationale, nous font craindre que des dispositions de dernière minute viennent alourdir le fardeau qui pèse sur les collectivités »,
avance encore l’édile.
Une crainte avec des conséquences très directes. « Il est clair qu’on ne va pas engager de dépense si on n’a pas l’assurance d’un accompagnement crédible »,
lance Jean-Philippe Keroslian. Les travaux de voirie ont subi le même sort. Et pour la commune, au-delà de l’instabilité, c’est une tendance de fond. Les dotations de l’État baissent d’année en année (nouvelle fenêtre). 1,3 million d’euros en 2013 contre seulement 60.000 euros en 2024. Résultat, des projets bloqués. Et pour les habitants, des infrastructures vieillissantes. « On va être les premières victimes de ça, de ces problèmes du gouvernement », déplore une résidente.
S’endetter ou renoncer
Un peu plus loin, à Laissac-Sévérac l’Église, David Minerva fait lui aussi les comptes. L’objectif du maire de cette commune d’un peu plus de 2.000 habitants : moderniser le premier marché aux bestiaux de France, le poumon de sa localité. « La Grande Halle va être transformée dès 2026 en gros marché à la criée, avec un espace dédié, avec un ring, avec des couloirs pour amener des animaux »,
détaille-t-il.
Coût des travaux, 250.000 euros. Et l’édile assure qu’avec ou sans subvention, il ira au bout de ce projet. « Peut-être qu’on fera appel un peu plus à l’emprunt, qui aujourd’hui est une possibilité »,
évoque-t-il, assurant ne pas vouloir « augmenter les impôts de [ses] administrés ».
L’édile cherche aussi à trouver « des plans de financements différents »
car il le promet : « Au bout du bout, on maintiendra ce projet de marché »
, qu’il juge « trop important pour l’économie agricole »
. S’endetter pour avancer ou renoncer pour économiser… C’est désormais le dilemme de nombreuses communes en France qui toutes attendent le vote du budget à l’Assemblée nationale.









