- Emmanuel Macron a annoncé vouloir interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.
- Plusieurs pistes sont à l’étude, dont l’utilisation de la reconnaissance faciale.
- Mais chaque hypothèse soulève des questions et des blocages.
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Le 13H
Officiellement, ils n’ont pas le droit de s’y inscrire. Pourtant, de nombreux mineurs croisés dans les rues de Lille (Nord) utilisent déjà les réseaux sociaux. « J’ai Instagram, que j’ai installé au collège »
, confirme une jeune fille face à la caméra du JT de TF1, dans le reportage visible en tête de cet article. Une autre enchaine : « Je me suis inscrite il y a très longtemps, un peu parce que tout le monde s’inscrivait. »
Des témoignages tout sauf surprenants quand on sait que 63% des 7-13 ans possèdent déjà un compte sur un réseau social avant l’âge requis, qui est de 15 ans en France. Cette limite d’âge est très facile à contourner, avoue d’ailleurs un adolescent : « En général, non, on ne demande pas de carte d’identité. C’est super facile, on peut mentir ou autre et ça passe. »
Un autre poursuit : « Mes parents sont au courant, oui, ils s’en foutent. »
Ces pistes présentent des risques
Ces pistes présentent des risques
Stéphanie Laporte, spécialiste des réseaux sociaux et fondatrice de l’agence OTTA
Nous avons nous-mêmes essayé de nous inscrire ce matin. Sur Instagram, aucun contrôle de l’âge, nous pouvons renseigner une fausse date de naissance. En seulement quelques clics, nous sommes inscrits sans qu’aucune vérification de notre âge n’ait été effectuée par la plateforme. C’est précisément ce que la France souhaite empêcher aujourd’hui. Comment ? Plusieurs pistes sont à l’étude.
Parmi elles, le recours à la reconnaissance faciale pour déterminer si l’utilisateur a l’âge requis. Une pratique déjà expérimentée par certains buralistes en France. Autre possibilité : scanner la pièce d’identité du futur utilisateur. Si l’âge est validé, un QR code permettra l’accès au site.
« Ces pistes présentent des risques parce que ça signifie soit transmettre des pièces d’identité à des organismes externes à l’État, soit carrément alimenter des bases de données avec des informations qui sont personnelles, extrêmement privées, des utilisateurs »
, souligne Stéphanie Laporte, spécialiste des réseaux sociaux et fondatrice de l’agence OTTA.
Le problème dépasse nos frontières. Alors, pour peser sur les plateformes basées à l’étranger, la France appelle Bruxelles à adopter une réglementation européenne. « Il y a plus d’utilisateurs sur les réseaux sociaux en Europe qu’il y en a aux États-Unis »
, fait ainsi valoir Clara Chappaz, ministre déléguée chargé de l’Intelligence artificielle et du Numérique. Contactées, les plateformes n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Pour rappel, dès cet été, la Commission européenne proposera un outil de vérification d’âge à destination des 27 États membres.