Avec son frère Alexis, Félix Lebrun a redonné ses lettres de noblesse au tennis de table.
Entourés de leurs deux sœurs et de leurs parents, c’est la famille qui fait la force de ces deux jeunes joueurs.
Félix, le mieux classé des deux, a troqué ses échanges de balles contre une conversation à bâtons rompus avec Audrey Crespo-Mara dans le Portrait de la semaine.
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Sept à huit
Il déstabilise les maîtres chinois du tennis de table avec sa prise de raquette bien à lui. À 18 ans, Félix Lebrun est un phénomène, le plus grand espoir de l’histoire du tennis de table. Il faut dire qu’il est le plus jeune joueur à avoir intégré le top 10 mondial à seulement 17 ans. Une réussite qui a pris racine dès l’enfance, car le ping-pong, c’est dans ses gènes. « Toute ma famille en faisait, notamment mon père et mon oncle. Il était 14ᵉ mondial à son top et mon père numéro 7 français (…) Je pense que les premières fois que j’ai touché une raquette, c’était avant mes un an (…) Je m’amusais déjà, j’étais sur la table avec mon père », raconte-t-il dans le replay du Portrait de la semaine de Sept à Huit, visible en tête de cet article. Il avoue au passage que ce dernier refuse désormais de jouer face à lui et son frère, Alexis, son coéquipier et adversaire favori, de trois ans son ainé. « Parce qu’on le bat donc ça l’énerve », lâche-t-il.
Nous deux, on a des objectifs qu’on espère réaliser. Donc, il y a des moments où on est adversaires, mais 99% du temps, on est plus ensemble que contre.
Nous deux, on a des objectifs qu’on espère réaliser. Donc, il y a des moments où on est adversaires, mais 99% du temps, on est plus ensemble que contre.
Félix Lebrun à propos de son frère Alexis
C’est d’ailleurs en battant son frère, l’autre star du ping-pong, que Félix a obtenu fin mars son premier titre de champion de France de tennis de table. « C’était un moment exceptionnel. Je l’attendais depuis 2-3 ans. J’étais dans les favoris du tournoi et je n’avais jamais réussi à aller le chercher. Donc, j’étais très heureux. Je me suis régalé avec beaucoup d’émotion à la fin », confesse-t-il. Et d’avoir battu son aîné, est-ce une satisfaction supplémentaire ? Félix assure que « ça ne change rien ». « On se chambre un peu plus, mais c’est surtout le titre de champion de France qui me rendait heureux à ce moment-là, plus que d’avoir battu mon frère (…) Pendant une heure, on fait un match et que le meilleur gagne, ça fait partie du jeu. Nous deux, on a des objectifs qu’on espère réaliser. Donc, il y a des moments où on est adversaires, mais 99% du temps, on est plus ensemble que contre », affirme-t-il.
Félix reconnait d’ailleurs qu’« il vaut mieux jouer avec lui que contre lui en général ». En témoigne leur titre de champions de France en double que les deux Montpelliérains ont remporté fin mars, conservant ainsi leur couronne. Toutefois, dans l’absolu, Félix est aujourd’hui 6ᵉ mondial et son frère Alexis, 9ᵉ mondial. « Je suis devant de trois petites places », dit-il, ajoutant : « Forcément, on ne pouvait pas imaginer ça quand on a commencé le ping-pong ».
Un bonheur que ces deux vedettes du tennis de table savoure, alors que les JO de Paris les ont mis plus encore sous le feu des projecteurs avec leurs deux médailles de bronze olympiques (en simple et par équipes). « C’était vraiment un moment unique. Et puis forcément, le moment dans la salle, un public incroyable, un soutien de dingue (…) Mon rêve, c’était d’être champion olympique et Alexis sur la deuxième marche du podium. Donc, on n’y est pas encore arrivé, on est encore assez loin de ça. Mais par rapport au moment où je l’ai écrit (à l’âge de sept ans, ndlr), on s’en est quand même rapproché », souligne-t-il.
Une famille très soudée
Mais tous ces succès ne seraient rien sans leur socle : leur famille. « On passe énormément de temps ensemble, même si moins pour nous parce qu’on est beaucoup à l’étranger », indique Félix. Et le combat que mène leur sœur Roxane fait relativiser bien des échecs. « Elle a eu six opérations à cœur ouvert. Elle a une malformation cardiaque. Elle ne peut pas voyager très loin. Même au quotidien, elle marche un peu plus doucement. L’effort est plus difficile. On se rend compte aussi de la chance qu’on a de pouvoir faire du sport. Encore plus de vivre de notre passion. Et de voyager aussi autour du monde », admet-il. Quant à leur mère, elle fait aussi partie de l’équipe. « Avant, elle était professeure des écoles. Elle était vraiment un soutien. Elle regardait nos matchs quand elle pouvait, elle nous envoyait des messages. Mais depuis un an, elle travaille avec nous dans tout ce qui est gestion de médias, sponsors. Ça permet de rester concentré sur le ping-pong parce que ça prend beaucoup de temps (…) Maintenant, elle peut nous soutenir à 100% », se réjouit le jeune pongiste.
Cette famille très soudée est devenue une entreprise à part entière. « C’est vraiment ça qui fait notre force. On se connaît par cœur tous. C’est une place super importante dans notre progression et dans notre situation d’aujourd’hui », insiste Félix qui comptabilise « entre 250 et 280 jours par an à l’étranger ». « J’ai toujours aimé voyager depuis que je suis tout petit. Quand j’ai commencé, je suis parti en Russie, j’avais 9 ans, au Japon à 10 ans. Je profite de la chance que j’ai de pouvoir autant voyager et de voir un peu ce qui se passe autour de la France. C’est enrichissant et important », argue-t-il. Prochaine étape, les championnats du monde à Doha du 17 au 25 mai. Attendu en simple et en double avec Alexis – qui se remet d’une blessure à la main – Félix Lebrun et l’équipe de France se rendront en stage à Nantes début mai avant de s’envoler au Qatar.