Les conséquences de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump sont déjà très concrètes en France.
Les producteurs de cognac, pris en étau entre la baisse de leurs ventes en Chine et la hausse annoncée des droits de douane vers les États-Unis, ont mis plusieurs de leurs salariés au chômage partiel.
La filière commence déjà à souffrir en Charente.
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La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Dans la maison de cognac Rémy Martin, 234 employés sont au chômage partiel. La chaîne de production est à l’arrêt depuis lundi 14 avril. « C’est arrêt complet pendant une semaine. Sur trois mois, une semaine par mois, les salariés resteront chez eux et seront payés, sur la fin du mois, ça leur fera 7% de perte sur leur salaire », détaille David Charrier, représentant du personnel, délégué FO.
La filière se porte mal car le cognac s’exporte à 98% et les taxes surgissent de toutes parts. Les États-Unis menacent d’appliquer 20% de droits de douane. La Chine impose quant à elle 35% de taxes, en représailles d’une taxation de la France sur ses voitures électriques.
Tous les investissements sont gelés
Alors dans les domaines viticoles, les cartons restent à l’entrepôt. Pour faire face à la crise, Pierre Vaudon, producteur négociant des cognacs François Voyer, rencontré par les équipes du JT a dû limiter au maximum ses charges de personnel. « On a Aurélie qui d’habitude se charge des expéditions, qui est là maintenant à la mise en bouteille. On va avoir Frédéric qui lui est un intérimaire, qui avait l’habitude de venir un petit peu plus souvent, qui là est réduit au strict minimum », montre-t-il.
Et tous les investissements sont gelés pour le moment. « On ne peut plus payer d’inscription à des salons professionnels, on ne peut plus payer les agences qui allaient voir les restaurateurs, qui allaient voir les cavistes. On est vraiment en train de se dire, sauvons déjà les salaires et l’équipe », explique-t-il.
Au domaine de la Billarderie, c’est dans les vignes qu’on cherche à faire des économies en réduisant la production. Certaines parcelles vieillissantes ne seront pas remplacées. Dans un contexte d’inflation, les ventes de cognac en Chine ont déjà diminué de 65% ces derniers mois. « Aujourd’hui le cognac est quand même un produit de luxe, assez fortement valorisé, y compris pour les entrées de gamme, les prix d’entrée sont assez élevés. Donc forcément il y a un lien direct avec le portefeuille de nos consommateurs finaux », analyse le viticulteur Pierre Boyer. Se pose alors la question de baisser le prix de vente en réduisant la marge des maisons de cognac. Mais cela pourrait limiter les futurs investissements dans la filière.