En mai 2024, la Nouvelle-Calédonie connaissait des émeutes sans précédent, en raison d’un projet de réforme du droit de vote.
À l’époque, 14 personnes étaient décédées et les dégâts avaient été estimés à plus de 2 milliards d’euros.
Un an plus tard, l’économie de l’île est toujours sinistrée.
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Nouvelle-Calédonie : une révision constitutionnelle qui met le feu aux poudres
C’est un triste anniversaire que les Néo-Calédoniens fêtent ce mardi 13 mai. Il y a un an, jour pour jour, de violentes émeutes ont embrasé l’île. En cause, un projet de loi visant à modifier le corps électoral. Les violences éclatent d’abord à Nouméa, avant de se répandre dans d’autres villes. Si le calme est aujourd’hui revenu, bien que toujours précaire, l’économie de l’archipel n’est pas encore parvenue à se relever. Les pillages sont encore visibles dans les rues, comme le montre le reportage du JT de TF1 en tête de cet article : bâtiments calcinés, vitres brisées…
Des indemnisations qui tardent à arriver
À l’entrée du centre commercial, qui comprenait 25 boutiques, le temps s’est comme figé. Les travaux n’ont pas encore débuté, alors que tout a brûlé lors des émeutes. La parfumerie de Ronan Daly, également président du syndicat des commerçants de Nouvelle-Calédonie, a été totalement détruite : « C’était mon magasin. Il était flambant neuf, je l’avais refait complètement il y a un an. Désormais, il n’en reste plus rien. »
La majorité des commerces sont dans le même état. Même ceux qui doivent être rasés ne le sont pas encore car les assurances tardent à indemniser les professionnels… et ne le feront pas à l’avenir. « Elles ont tout simplement supprimé la notion d’émeute de tous les contrats qui existent actuellement. Il y a même des entreprises dans certains quartiers qui ne peuvent même plus être assurés du tout parce que le quartier est trop à risque. Sans garantie d’assurance nécessaire, on ne peut pas faire d’emprunt, on ne peut même pas tenter d’investir et de se relancer », explique Ronan Daly.
Depuis les émeutes, la vie est chère. Tout est cher
Depuis les émeutes, la vie est chère. Tout est cher
Un habitant de Nouvelle-Calédonie
Au total, 800 entreprises sont parties en fumée et 20.000 emplois ont disparu, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie. Conséquence : l’inflation a battu des records. Un kilo de riz coûte jusqu’à sept euros. « Depuis les émeutes, la vie est chère. Tout est cher », déplore un homme. Une femme ajoute au micro de TF1 : « C’est surtout les légumes et les fruits car on a aussi envie d’en manger. Mais c’est trop cher. » Des prix difficilement supportables pour les chômeurs dont le nombre a explosé, après l’arrêt de l’usine de traitement de nickel dans le nord de la Nouvelle-Calédonie. Ce secteur employait jusque-là 25% de la population.
Autre secteur qui subit encore les conséquences de la crise : le tourisme. Certaines chambres d’hôtel sont libres depuis plusieurs mois. « On a mis en place des promotions qui vont au-delà de 50%. On se doit de réagir », exige Yannick Gloux-Bauchet, dont l’établissement est situé en face de la baie de Sainte-Marie.
Les rares touristes qui viennent sont Australiens. Une stratégie réfléchie par la plateforme Nouvelle-Calédonie Tourisme, qui a notamment installé de grandes affiches publicitaires à Sydney et à Brisbane. Mais le bilan est sans appel : le nombre de touristes internationaux a chuté de 60% par rapport à l’année dernière. « Le tourisme est l’un des secteurs qui peut être relancé assez rapidement et générer des retombées économiques pour le territoire puisque les infrastructures touristiques sont opérationnelles et n’ont pas été touchées par les destructions », estime Julie Laronde, directrice de Nouvelle-Calédonie Tourisme.
Pour maintenir le calme et éviter tout débordement, l’État a déployé 2.600 gendarmes et policiers cette semaine sur l’île. Mais la situation politique reste tendue : le ministre des Outre-Mer Manuel Valls n’a pas encore réussi à obtenir un accord avec les indépendantistes et les loyalistes. L’incertitude demeure donc, malgré les trois milliards d’euros mis sur la table par le gouvernement pour reconstruire l’archipel en 2024.