Après avoir atteint un minimum historique il y a deux ans, le nombre d’accidents de chasse mortels est reparti une nouvelle fois à la hausse lors de la saison 2024-2025, avec « 11 décès de chasseurs contre six les deux années précédentes », selon le bilan annuel de l’Office français de la biodiversité (OFB), consulté par l’Agence France-Presse (AFP), vendredi 18 juillet.
« La tendance générale sur vingt-cinq ans reste très bonne », avec une diminution de plus de moitié des accidents, « mais il faut maintenir la vigilance », a déclaré à l’AFP le directeur général de l’OFB, Olivier Thibault. « Nous avons fait d’énormes progrès avec les chasseurs, les formations marchent bien, mais la tendance peut repartir à la hausse », avertit-il, citant trois points de vigilance : les erreurs de manipulation de l’arme ; l’absence de prise en compte de l’environnement de tir ; la multiplication des battues organisées en urgence pour protéger des cultures d’attaques de sangliers ou de cerfs.
Pour la troisième saison d’affilée, seuls des chasseurs ont été mortellement touchés par un tir, à chaque fois lors d’une chasse au grand gibier, mais 16 non-chasseurs ont été blessés, dont trois gravement, contre aucun l’année précédente. En ajoutant les cas non mortels, c’est au total 100 accidents qui ont été recensés dans ce bilan annuel établi, après enquête pour chaque cas, par les agents de l’OFB.
C’est là aussi une nouvelle hausse après un minimum historique de 78 accidents durant la saison 2022-2023. Mais ce rebond « ne remet pas en cause la tendance structurelle de fond : la chasse est aujourd’hui deux fois moins accidentogène qu’il y a vingt ans », se félicite l’office, chargé de former les chasseurs et de délivrer le permis de chasse. De 2001 à 2010, le nombre d’accidents oscillait entre 146 et 203 par saison, dont 15 à 31 mortels.
Problèmes de manipulation d’armes
L’an dernier, « sur les onze accidents mortels, cinq sont dus à des problèmes de manipulation d’armes, par exemple en rechargeant près de la voiture ou en ne faisant plus attention une fois au poste » de tir, détaille le directeur général de l’OFB.
Ensuite, « la non-prise en compte de l’environnement représente un tiers des accidents non mortels », dit-il, citant l’exemple d’un tir sur une haie ou sans respecter les angles de tir légaux. « Il faut avoir en tête que, quand vous tirez du grand gibier, une balle peut être mortelle à 1 500 mètres de distance, donc il faut bien être conscient de là où elle va arriver », ajoute M. Thibault.
Le troisième point de vigilance concerne les battues autour des champs : « On demande aux chasseurs de réguler de plus en plus [la population de gibier] pour limiter les dégâts » dans les cultures, principalement ceux que causent les sangliers. « Il s’agit de plus en plus de demandes d’intervention en urgence ; ce n’est pas la chasse habituelle, bien calibrée, sur un terrain connu », souligne le haut fonctionnaire. Trois des 11 morts sont survenues dans un tel cadre.
Pour maintenir la tendance de fond à la baisse, « la formation et la reformation tout au long de la vie » sont essentielles, insiste Olivier Thibault. Depuis 2020, les chasseurs, dont les plus anciens ont obtenu le permis sans examen pratique, sont soumis à une formation décennale. « Tout le monde devra y être passé en 2030 », se félicite le patron de l’OFB, saluant le fait que « 44 % des chasseurs actifs ont fait la formation décennale ». « Cela montre que les fédérations jouent le jeu », se félicite-t-il.