Dans le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem, l’expérience est souvent un facteur déterminant. Cela s’est encore vérifié, vendredi 24 janvier sur la Rod Laver Arena de Melbourne, où Jannik Sinner a battu l’Américain Ben Shelton en trois sets : 7-6 (7/2), 6-2, 6-2. Le natif d’Atlanta, 22 ans, n’a qu’un an de moins que son adversaire du jour, mais il ne joue pas dans la même catégorie : tête de série no 21, il disputait à l’Open d’Australie la deuxième demi-finale de sa carrière dans un Majeur, après l’US Open en 2023 quand l’Italien, numéro un mondial, en a déjà remporté deux… dont l’Open d’Australie, dont il est tenant du titre.
Après la leçon administrée en quarts de finale au local Alex de Minaur – 6-3, 6-2, 6-1 en en 1 h 48 –, Jannik Sinner partait largement favori de ce duel face à un joueur, qu’il a désormais dominé à cinq reprises en six face-à-face. Le Transalpin, qui reste sur une série de vingt succès de rang, aura l’occasion de confirmer sa bonne forme, dimanche, contre l’Allemand Alexander Zverev, qualifié un peu plus tôt pour la finale, après l’abandon de Novak Djokovic.
Les clés de cette seconde demi-finale étaient connues : le puncheur Shelton ne pouvant rivaliser avec le métronome Sinner du fond du court, il devait imposer son service et sa puissance pour monter au filet et tenter de bousculer l’Italien. Le tout sans commettre trop de fautes directes, son péché mignon.
En début de match, il y est parvenu – par moments –, mais ses 27 fautes directes, justement, l’ont empêché d’empocher le gain du set. L’Américain peut s’en vouloir : il a eu deux occasions de conclure à 6-5 sur son service, mais il a laissé passer sa chance. Dans le tie-break, Sinner a serré le jeu pour se détacher rapidement et empocher la première manche, après 71 minutes d’une bagarre intense. Sans briller, l’Italien a été plus régulier.
« Content de la façon dont j’ai géré »
Touché au moral, son adversaire a perdu dans la foulée son service à l’entame de la deuxième manche. Le numéro un mondial lui a fait visiter le court sous toutes les latitudes. L’Italien s’est souvent décalé côté revers pour l’agresser ; de longs rallyes, qui se sont souvent terminés par une faute de Shelton, irrégulier en coup droit. L’emprise de Sinner sur la partie est devenue de plus en plus évidente au fil des jeux et il a conclu ce deuxième set avec autorité, sur un ace.
Le match s’est rééquilibré lors de la troisième manche. Enfin relâché, l’Américain est parvenu à soutenir la cadence du fond du court. Grimaçant entre les points, l’Italien a paru souffrir de crampes. Mais il a de nouveau réussi le break, à 3-2, sur un jeu blanc de son adversaire. Si Shelton s’est rebellé, il n’avait pas les armes pour renverser la rencontre. Après 2 h 30 de duel, Sinner concluait l’affaire sur sa première balle de match.
« Je suis content de la façon dont j’ai géré, a commenté le vainqueur. Il y a eu beaucoup de tension, j’ai eu des crampes. Dans ces conditions, gagner en trois sets, c’est plutôt bien. »
Jannik Sinner est le plus jeune joueur depuis l’Américain Jim Courier, en 1992 et 1993, à atteindre, deux années de suite, la finale de l’Open d’Australie. En cas de succès, dimanche, contre Alexander Zverev, il deviendrait le tennisman italien le plus titré de l’histoire en Grand Chelem. Il partage jusqu’à présent le record avec Nicola Pietrangeli, lauréat de Roland-Garros en 1959 et 1960.