Lors des manifestations de juin 2024, au Kenya, contre la loi de finances prévoyant des hausses de taxes et d’impôts, le dramaturge Adipo Sidang’a été surpris de découvrir sur les affiches brandies par la foule le titre d’une pièce de théâtre qu’il avait écrite huit ans plus tôt : Parliament of Owls : a play (Le Parlement des chouettes : une pièce, non traduit). « Certaines captures d’écran qu’on m’envoyait montraient les trois chouettes de la couverture du livre avec leurs gros yeux », se rappelle-t-il.
La pièce campe une nation peuplée d’oiseaux où les chouettes au pouvoir spolient les autres espèces au nom du bien commun. Beaucoup de jeunes de la génération Z, nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, ont vu dans les personnages une métaphore des membres politiques kényans. Dans cet écrit, les chouettes cherchent à imposer une « moonlight bill » – un projet de loi leur apportant de nouveaux droits aux détriments des autres oiseaux.
Parliament of Owls n’est pas la seule œuvre littéraire à avoir inspiré cette jeunesse kényane, très à l’aise avec le numérique, lors des manifestations de 2024. D’autres ouvrages sont devenus des références pour la Gen Z : Tumbo Lisiloshiba d’Alifa Chokocho, Betrayal in the City de Francis Imbuga, Kifo Kisimani de Kithaka Wa Mberia, La Ferme des animaux de George Orwell ou encore Un Ennemi du peuple du dramaturge norvégien, Henrik Ibsen. Ces ouvrages d’auteurs kényans ou européens ont en commun de faire partie des lectures obligatoires des lycéens au Kenya.
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