Le rappeur P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, a été condamné, vendredi 3 octobre, à plus de quatre ans de prison par le tribunal pénal de Manhattan, en sa présence et devant un public venu en nombre.
Au terme d’un procès pour violences sexuelles hypermédiatisé, il avait été reconnu coupable, le 2 juillet, de transport de personnes à des fins de prostitution, ce qui implique le déplacement d’une personne d’un Etat à un autre selon le droit américain. Les jurés l’avaient toutefois acquitté des infractions les plus graves qui lui étaient reprochées, le trafic sexuel et l’association de malfaiteur, lui épargnant l’emprisonnement à perpétuité.
Dans un courrier envoyé au juge à la veille de sa décision, P. Diddy a demandé pardon pour ses actes. « Je me suis perdu au cours de mon chemin. Perdu dans la drogue et l’excès. Ma chute trouvait sa source dans mon égoïsme. J’ai été humilié et brisé jusqu’au plus profond de moi », a écrit la star de 55 ans.
« Il n’a assumé cette violence que dans la mesure où cela lui servait », comme une « stratégie de procès », a cinglé la procureure Christy Slavik, écartant ces remords tardifs à l’audience de prononcé de la sentence. « Aujourd’hui, il s’agit de responsabilité et de justice » pour des « victimes dont la vie a été brisée », a-t-elle ajouté.
Le parquet avait réclamé onze ans de prison ou plus, insistant sur la « gravité » des faits, mais aussi l’absence de « repentir » de P. Diddy, les « traumatismes » subis par les victimes et la « menace » qu’elles disent ressentir de sa part. De son côté, la défense avait demandé que sa peine n’excède pas quatorze mois, mettant en avant son bon comportement depuis son emprisonnement et son image « détruite ».
« Je fais toujours des cauchemars »
Parmi les victimes, la chanteuse Cassie, sa petite amie de 2007 à 2018, avait exhorté le juge à prendre en compte « les nombreuses vies que Sean Combs a bouleversées » et « la force qu’il a fallu aux victimes pour se manifester ». « Je fais toujours des cauchemars, j’ai des flash-back quotidiens, et je continue à avoir besoin de soins psychologiques », avait-elle écrit dans un courrier, affirmant qu’elle et sa famille avaient quitté la région de New York par crainte de « représailles » si P. Diddy était « libéré ».
L’ancien homme fort du hip-hop, apparu particulièrement vieilli lors de son procès, les cheveux et la barbe blanche, a connu une triple carrière de producteur, rappeur et homme d’affaires. Il avait signé la légende du rap The Notorious B.I.G. dans les années 1990, avant de connaître lui-même le succès sous le nom de Puff Daddy, puis de s’associer à des marques d’alcool.
P. Diddy était accusé d’avoir forcé des femmes – dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une autre ex-compagne ayant témoigné sous le pseudonyme de « Jane » – à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant que lui se masturbait ou filmait leurs ébats. Il lui était également reproché d’avoir mis en place un réseau criminel pour organiser ces activités nommées « freak-offs » ou « hotel nights ».
La défense n’a pas caché, lors du procès, chercher à obtenir une grâce présidentielle de la part de Donald Trump. Une demande qui a peu de chances d’aboutir, le président ayant rejeté l’idée lors d’une interview début août, parlant de quelqu’un de « très malveillant ».