Après des semaines de témoignages et des plaidoiries musclées, le rappeur P. Diddy a été reconnu coupable, mercredi 2 juillet, de transport de personnes à des fins de prostitution. Pour les infractions les plus graves qui lui étaient reprochées et qui auraient pu l’envoyer en prison à vie – le trafic sexuel et l’association de malfaiteurs – il a été reconnu non coupable.
Il était accusé d’avoir forcé des femmes – dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une autre ancienne compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de « Jane » – à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant qu’il se masturbait ou filmait. Et aussi d’avoir mis en place un réseau criminel, dont il était à la tête, pour organiser ces marathons nommés « freak-offs ».
« Il ne s’agissait absolument pas de choix libres », avait répété dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées « étaient droguées, badigeonnées d’huile, épuisées et avaient mal ». P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, « n’acceptait pas le “non” comme une réponse possible », avait-elle insisté, en rappelant le contrôle qu’il exerçait sur son ex-compagne Cassie et les loyers payés de « Jane », devenue financièrement dépendante de lui.
« Elle [Cassie] a toujours été libre de partir. Elle avait choisi de rester parce qu’elle était amoureuse de lui et qu’il était amoureux d’elle (…), elle aime le sexe et grand bien lui fasse », avait rétorqué Marc Agnifilo, l’avocat du rappeur.
Dans les faits, les douze jurés devaient se prononcer sur les accusations de « complot de racket », à savoir si Sean Combs a dirigé une organisation dans laquelle son entourage ou ses employés commettaient des crimes en son nom. Cette accusation est passible de la prison à vie. Les jurés devaient aussi se prononcer sur des accusations de « trafic sexuel » à l’encontre de Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, et « Jane ».
P. Diddy a plaidé non coupable à ces accusations et choisi de ne pas témoigner, une stratégie courante de la défense aux Etats-Unis. Ses avocats n’ont pas à prouver l’innocence de leur client, mais plutôt à semer un doute raisonnable chez les membres du jury quant aux accusations des procureurs.
« L’accusé n’est pas Dieu »
Durant le procès, ses avocats ont tout fait pour discréditer les témoins à charge à coups de contre-interrogatoires musclés et tenté de montrer que leur client avait un style de vie « polyamoureux » qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal. Cassie a ainsi été soumise à un feu roulant de questions, visant à lui faire concéder qu’elle participait de son plein gré aux actes sexuels avec d’autres hommes.
« Je suis toujours prête » pour un « freak-off », avait-elle écrit à son compagnon en 2009. La chanteuse n’a pas contesté, tout en expliquant qu’elle était sous l’emprise du fondateur du label Bad Boy Records dont la fortune avait été évaluée en 2019 à 700 millions de dollars par le magazine Forbes.
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Cassie et « Jane » ont admis que leur relation respective impliquait de l’amour, mais qu’elles étaient dans le même temps soumises à des menaces liées à leur réputation, à leur situation financière et à leur intégrité physique.
« Il [P. Diddy] avait tellement dépassé les bornes qu’il ne pouvait même plus les voir », avait déclaré une autre procureure, Maurene Comey, disant que le rappeur se sentait « intouchable ». « Mais l’accusé n’est pas Dieu », avait-elle dit aux jurés en espérant une condamnation.