Le cinéaste chilien Pablo Larrain s’est d’abord fait connaître comme radiographe de l’histoire de son pays et des retentissements de la dictature d’Augusto Pinochet. En trois films récents qui l’ont propulsé sur la scène internationale, il a réinventé le récit biographique sous la forme réflexive et éclatée d’un miroir brisé. Jackie (2017), Spencer (2021) et aujourd’hui Maria, respectivement consacrés à Jackie Kennedy, à la princesse Diana et à Maria Callas, creusent la psyché tourmentée de ces figures d’exception par le biais d’actrices stars (Natalie Portman, Kristen Stewart, Angelina Jolie), qui jouent la hantise plutôt que la performance mimétique. Ressaisies dans le tourbillon médiatique de leur époque, ces trois femmes anticipent, chacune à sa façon, quelque chose de notre présent.
D’où vient cet intérêt pour ces grandes figures féminines historiques ?
Pour moi, le biopic est un fantasme culturel. Je ne crois pas qu’on puisse résumer la vie de qui que ce soit dans un film. Je ne prétends pas dire au spectateur : « Voilà qui était cette personne. » Je fais donc exprès de concentrer à chaque fois le récit sur un nombre réduit de jours, pour créer un espace de souvenirs. Cela me permet d’évoquer ces vies célèbres sous une forme partiale, fragmentaire, qui me convient beaucoup plus, parce qu’elle reflète pour moi le désordre humain.
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