Sur le trottoir, en face de la Sorbonne, des lauréats de la promotion 2024 de l’Institut universitaire de France se sont rassemblés pour lire à haute voix le discours qu’ils n’ont pas été autorisés à adresser, dans le grand amphithéâtre, au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Vendredi 18 octobre, les signataires – 68 enseignants-chercheurs sélectionnés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches – voulaient profiter de la cérémonie pour lui exprimer leur « vive inquiétude, suscitée par [s]es implications et prises de position ».
Depuis sa nomination comme ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du gouvernement de Michel Barnier, le 21 septembre, l’ex-député (Les Républicains, LR) du Bas-Rhin, âgé de 60 ans, alimente les polémiques. Samedi 12 octobre, il s’est ainsi rendu à la tribune du congrès de l’UNI, syndicat étudiant marqué à droite, qui, lors de l’élection présidentielle de 2022, n’avait pas appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour face à la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen.
Le 1er novembre, sur CNews, Patrick Hetzel a regretté que le directeur de Sciences Po ait levé – dans l’attente des conclusions de la section disciplinaire – la suspension prise à l’encontre de quatre étudiants accusés d’avoir filmé, lors d’un « forum carrière », une mobilisation du comité Palestine pointant du doigt l’implication de sociétés françaises dans la guerre entre Israël et le Hamas. « A titre personnel, je serais favorable à leur exclusion, a déclaré le ministre à l’antenne. Depuis mon arrivée, je ne fais que rappeler la loi et indiquer qu’il faut de la fermeté et qu’à aucun moment nos établissements ne doivent être instrumentalisés. » Dans la foulée, sur le réseau social X, il a dénoncé le choix du conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg de rompre ses liens avec l’université israélienne Reichman, décision qu’il assimile à une « prise de position politique ».
« Bâton de maréchal »
Son entrée au gouvernement a donné lieu à une exhumation par des enseignants et des chercheurs des interventions du député Hetzel sur les bancs de l’Assemblée nationale et sur les réseaux sociaux. Elles retracent l’itinéraire d’un tenant d’une droite conservatrice, s’opposant au mariage pour tous en 2013, à l’extension de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples lesbiens en 2021, à la constitutionnalisation du droit à l’avortement en 2024. Sur le plan scientifique, sa demande d’une autorisation de recours à l’hydroxychloroquine avant même les résultats des essais cliniques durant la pandémie de Covid-19 a laissé pantoise une partie de la communauté universitaire.
Il vous reste 69.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.