Depuis 2022, près de 1 600 victimes de pédocriminalité dans l’Eglise ont saisi l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr), la médiatisation de l’affaire de Bétharram ayant notamment suscité de nouvelles demandes, selon un rapport dévoilé mardi 25 mars.
« Au 24 mars, 1 580 personnes se sont adressées à l’instance et 1 235 sont accompagnées », a affirmé la présidente de l’Inirr, Marie Derain de Vaucresson, en présentant à la presse le bilan de trois ans d’activité. Mme Derain a évoqué « une reprise d’activité en février » 2025, où « l’instance a été sollicitée par 31 personnes, alors que nous étions à une moyenne de dix personnes par mois ».
« C’est évidemment une conséquence de la médiatisation des violences sexuelles dans l’Eglise en lien avec l’affaire de Bétharram et les révélations autour de l’abbé Pierre » survenues à l’été 2024, a-t-elle ajouté. Une conséquence est un « rajeunissement important », car, « sur la cinquantaine de sollicitations, la moyenne d’âge est de 56 ans », ce qui signifie « des personnes victimes dans les années 1970, 1980 et 1990 ».
A l’heure où l’enseignement catholique est secoué par l’affaire de Bétharram, l’instance avait déjà enregistré un « pic de demandes » en février 2024, au moment des premières révélations portant sur cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques. Sur la seule année dernière, l’instance a reçu au total 168 saisines (pour 215 en 2023 et 1 136 en 2022).
Médiatisation des affaires
L’Inirr, destinée aux victimes dans les diocèses, avait été créée par l’épiscopat français dans le sillage du rapport de la commission indépendante sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique (Ciase) en 2021 sur la pédocriminalité dans l’Eglise, en parallèle de la Commission reconnaissance et réparation (CRR) destinée aux victimes dans les congrégations. La CRR, elle, a été saisie par 1 065 personnes au total et a émis 491 recommandations (chiffres arrêtés au 25 février).
La médiatisation des affaires de pédocriminalité dans l’Eglise a joué un rôle crucial dans l’augmentation des saisines auprès de l’Inirr. Les révélations autour de l’affaire de Bétharram et de l’abbé Pierre ont mis en lumière des violences longtemps restées dans l’ombre, incitant de nombreuses victimes à se manifester. Cette prise de parole est essentielle pour la reconnaissance et la réparation des préjudices subis.
La création de l’Inirr et de la CRR s’inscrit dans une volonté de l’Eglise de répondre aux attentes des victimes et de la société. Ces instances permettent d’accompagner les victimes dans leur démarche de reconnaissance et de réparation, en leur offrant un espace d’écoute et de soutien.
Le rapport de la Ciase, publié en 2021, a été un tournant dans la prise de conscience des violences sexuelles au sein de l’Eglise. Il a permis de mettre en lumière l’ampleur du phénomène et d’inciter les autorités ecclésiastiques à prendre des mesures concrètes pour y remédier. La médiatisation de ces affaires a également contribué à sensibiliser l’opinion publique et à encourager les victimes à sortir du silence. Elle a permis de briser le tabou entourant ces violences et de donner une voix à ceux qui ont longtemps été réduits au silence.