Il fait trop chaud ? Tous en voiture ! Par températures élevées, l’automobile et sa climatisation séduisent davantage que les autres modes de transport, révèle une enquête publiée, le 19 mars, par le cabinet de conseil 6t bureau de recherche, en partenariat avec l’Agence de la transition écologique Ademe. Ce travail compile 7 000 entretiens menés en ligne et par téléphone.
Lorsque les températures deviennent insupportables, on se déplace moins, observe l’enquête : « Les trois quarts des individus modifient significativement leurs activités et déplacements. » Mais la voiture individuelle est le mode le moins affecté : 27 % des sondés déclarent l’utiliser moins par temps de canicule, mais 16 % l’empruntent davantage. Pour les transports en commun, ces proportions sont respectivement de 39 % et de 3 %, pour le vélo non électrique, de 55 % et de 13 %, et pour la marche, de 55 % et de 9 %.
Seul le vélo électrique soulage un peu les usagers soumis à une chaleur étouffante : 26 % l’utilisent davantage, mais 40 % moins. « Températures en hausse, automobile en force : face au réchauffement climatique, comment enrayer le cercle vicieux de l’automobilité ? », s’interroge le cabinet de conseil.
Le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon, n’est pas surpris par ces résultats. « L’automobile s’est imposée comme un prolongement du domicile, une bulle de confort et d’intégrité. Certaines enquêtes, aux Etats-Unis, montrent qu’en période de canicule, les gens dont le domicile n’est pas équipé de climatisation, font un tour en voiture pour se rafraîchir », affirme-t-il, précisant que les constructeurs automobiles ont aussi leur part de responsabilité : « L’ergonomie de l’habitacle tâche de maximiser le confort et le plaisir. »
« Le lissage des heures de pointe est possible »
Pour Nicolas Louvet, fondateur de 6t, l’une des solutions consiste à prévoir « l’obligation de la climatisation dans les transports en commun ». En outre, « il faudrait inventer une taxe sur la climatisation automobile », estime-t-il. Mais le consultant préfère retenir de son enquête « un aspect positif » : « Le lissage des heures de pointe est possible. »
En effet, les jours de canicule, 20 % des sondés avancent leurs activités plus tôt dans la journée, et 12 % les reculent, soit, au total « un tiers des déplacements qui sont décalés dans le temps, entraînant une diminution du trafic aux heures de pointe », peut-on lire dans l’enquête. Ces décalages concernent surtout les loisirs, comme la balade, l’activité physique ou les visites à des proches, des pratiques « non contraintes, mais qui contribuent à la vie sociale et au bien-être des individus ».
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