Le siège du Rassemblement national (RN) a été perquisitionné, mercredi 9 juillet, selon les informations du Monde. La justice s’intéresse notamment aux prêts accordés par de riches militants au parti d’extrême droite et à ses candidats ses dernières années, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte sur des soupçons de financement illicite des campagnes du RN aux élections présidentielle de 2022 et européennes de 2024. Les investigations, qui portent également sur des factures supposément majorées pour gonfler le remboursement dû par l’Etat, ont été confiées à la nouvelle brigade financière et anti-corruption (BFAC) de la police judiciaire parisienne, issue de la récente fusion entre brigade financière et la brigade de répression de la corruption et de la fraude fiscale.
Contactés le parquet de Paris, qui mène ces investigations au sein de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) et l’avocat du RN n’avaient pas répondu, pour l’heure, à notre sollicitation. « Cette opération, spectaculaire et inédite, s’inscrit clairement dans une nouvelle opération de harcèlement. C’est une atteinte grave au pluralisme et à l’alternance démocratique, a pour sa part tweeté Jordan Bardella. Jamais un parti d’opposition n’a subi un tel acharnement sous la Ve République. » Et de préciser : « Tous les mails, documents et éléments de comptabilité du premier parti d’opposition sont saisis, sans que nous sachions à ce stade quels sont précisément les griefs qui en sont le fondement. Tout juste savons nous que l’intégralité des dossiers qui concernent les dernières campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes – soit toute l’activité électorale du parti – sont aujourd’hui entre les mains de la justice. »
Malgré des ressources importantes liées à ses succès aux législatives – 10 millions d’euros de financement public direct touché en 2023, davantage prévu en 2024 –, le parti dirigé par Jordan Bardella est l’un des principaux partis ayant développé le recours aux emprunts de personnes physiques ces dernières années. En 2023, date des derniers chiffres disponibles consultés par Le Monde, seuls neuf partis politiques sur 594 utilisaient cette méthode de financement, levant un total de 4 millions d’euros. Deux d’entre eux, le Rassemblement national et Reconquête ! concentraient 98 % du total des emprunts (85,7 % pour le RN, 12,4 % pour le parti d’Eric Zemmour). En 2022, année électorale plus chargée, quatorze partis recouraient à l’emprunt, levant 10,2 millions d’euros… également concentrés à 98 % sur les deux mouvements d’extrême droite (77,8 % pour le RN et 20,2 % pour Reconquête !).
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