Un nouveau volet s’ouvre dans le scandale du « Signalgate ». Selon The New York Times, le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, mis en cause pour avoir partagé des informations le mois dernier sur une frappe au Yémen dans un groupe de la messagerie Signal incluant un journaliste, a participé le même jour à une conversation dans un autre groupe de l’application dans lequel figuraient son épouse, son frère, son avocat « ainsi qu’une dizaine de personnes de son entourage personnel et professionnel ».
Le grand quotidien new-yorkais, qui cite, dimanche 20 avril, « quatre personnes au courant de cette conversation », précise que le secrétaire à la défense avait diffusé, à cette occasion, les horaires précis des vols des appareils qui devaient frapper des cibles rebelles houthistes au Yémen, « essentiellement les mêmes plans d’attaque que ceux qu’il avait partagés le même jour sur un autre groupe Signal ».
Ancien présentateur de la chaîne Fox News, M. Hegseth fait l’objet d’une enquête interne au Pentagone après avoir partagé, le 15 mars, des informations sensibles sur la messagerie Signal, dans une conversation à laquelle participait le journaliste Jeffrey Goldberg, du magazine The Atlantic, apparemment invité par erreur.
Au lendemain de la publication de l’article, lundi, M. Hegseth a rejeté ces accusations et mis en cause les médias. « C’est ce que fait la presse. Elle prend des sources anonymes, d’anciens employés mécontents, et elle essaie de blesser et d’attaquer les gens et de ruiner leur réputation », a déclaré le chef du Pentagone, interrogé en marge de célébrations de Pâques à la Maison Blanche. « J’ai parlé au président et nous allons continuer à nous battre. Nous sommes tout à fait sur la même ligne », a-t-il ajouté.
Une messagerie moins sûre que les canaux officiels
Dans son article, publié dimanche, The New York Times précise que l’épouse du ministre, journaliste et ancienne salariée de Fox News, n’est pas employée par le Pentagone, alors que le frère et l’avocat de M. Hegseth y occupent des postes. « Mais on ne voit pas pourquoi l’un ou l’autre aurait eu besoin d’être au courant de bombardements imminents contre les houthistes au Yémen », écrit le journal.
Selon le quotidien, des fonctionnaires du Pentagone avaient averti le ministre quelques jours plus tôt qu’il ne devait pas discuter d’informations concernant des frappes au Yémen sur Signal, messagerie cryptée qui est considérée comme moins sûre que les canaux officiels utilisés habituellement pour les données sensibles.
Réagissant à ces informations, le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, a accusé The New York Times d’être un « média qui déteste [Donald] Trump ». « Il n’y a pas eu d’informations classifiées dans des discussions sur Signal, quelles que soient les façons dont ils essaient d’écrire l’histoire », a-t-il déclaré, sans fournir plus de détails.
Dimanche, l’ancien porte-parole de M. Hegseth au Pentagone, John Ullyot, a publié un article d’opinion décrivant « un mois de chaos total au Pentagone ». « Donald Trump a l’habitude de demander des comptes à ses hauts fonctionnaires. Compte tenu de cela, il est difficile de voir le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, rester dans son rôle encore longtemps », écrit M. Ullyot.
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La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a toutefois affirmé lundi que Donald Trump « sout[enait] fermement le ministre Hegseth, qui fait un travail extraordinaire à la tête du Pentagone ». « C’est ce qui arrive quand tout le Pentagone œuvre contre vous et contre les immenses changements que vous voulez mettre en place », a-t-elle poursuivi devant un groupe de journalistes. « Malheureusement il y a des gens dans ce bâtiment [le ministère de la défense] qui n’aiment pas ces changements que le ministre essaie de faire, donc ils organisent des fuites et mentent aux médias », a poursuivi Mme Leavitt.
Lors du premier « Signalgate », M. Trump avait défendu ses ministres impliqués. Son conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz, en avait endossé la « responsabilité », expliquant être à l’initiative du groupe Signal. Selon The New Tork Times, l’autre groupe de discussion avait été créé par M. Hegseth avant qu’il devienne ministre.
« Donald Trump trop faible pour le renvoyer »
Ces révélations ont suscité de nouvelles critiques à l’égard de M. Hegseth et de l’administration Trump, accusés de faire preuve de désinvolture et de risquer la vie d’Américains. « Les détails ne cessent d’être révélés. Nous continuons à apprendre comment Pete Hegseth a mis des vies en danger. Mais Trump est encore trop faible pour le renvoyer, a écrit sur X Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat. Pete Hegseth doit être limogé. »
Jack Reed, membre de la commission des forces armées du Sénat, a demandé à l’inspecteur général du Pentagone d’inclure les dernières allégations dans son enquête. « Si cet incident est avéré, il s’agit d’un nouvel exemple troublant du mépris inconsidéré du secrétaire Hegseth pour les lois et les protocoles que tous les autres membres de l’armée sont tenus de respecter », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Par ailleurs, trois hauts responsables du Pentagone ont été mis à pied la semaine dernière, à la suite de fuites non spécifiées. Les responsables concernés – le chef de cabinet adjoint, Darin Selnick, et les conseillers Dan Caldwell et Colin Carroll – ont répliqué, dimanche, en publiant une déclaration dans laquelle ils accusent le ministère de les avoir « diffamés à partir d’attaques sans fondement ». « A l’heure actuelle, on ne nous a toujours pas dit pour quel motif précis nous faisons l’objet d’une enquête, si une enquête est en cours et s’il y a même eu une enquête sur des fuites », ont-ils écrit sur les réseaux sociaux.