- Une pétition pour obtenir l’annulation de la loi Duplomb a récolté plus de 1,5 million de signatures.
- Face à la grogne grandissante, le camp présidentielle tente de trouver la meilleure formule pour tenir compte du succès du texte sans remettre en cause le vote du Parlement.
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Agriculture : une pétition contre la très contestée loi Duplomb bat tous les records
Un équilibre précaire. En une dizaine de jours, une pétition lancée par une étudiante pour obtenir l’annulation de la loi Duplomb a recueilli plus de 1,5 million de signatures, plaçant le gouvernement dans une position délicate. L’exécutif a ouvert la porte à l’organisation d’un débat devant l’Assemblée nationale, le seuil requis (500.000 signatures) pour remettre le sujet sur le bureau de la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale ayant été largement dépassé. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), et le patron des députés MoDem, Marc Fesneau, se sont notamment dits prêts à soutenir cette démarche. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a également indiqué lundi que le gouvernement était « pleinement disponible »
pour ce débat.
Vers une consultation de l’Anses ?
Mais signe du malaise actuel du côté de la majorité présidentielle, on multiplie les pistes pour tenir compte au mieux du succès du texte sans remettre en cause le vote du Parlement. Le patron du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, a appelé à saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin qu’elle donne son avis sur le texte en amont de l’éventuel futur débat parlementaire. Une idée à laquelle souscrit Agnès Pannier-Runacher. « Je me tiens évidemment à la disposition des parlementaires pour organiser la saisine de nos autorités scientifiques afin de répondre à leurs questions et de permettre de sortir des postures politiques dans un sens comme dans l’autre »
, a affirmé la ministre de la Transition écologique. « La science n’a pas vocation à se substituer au politique, mais elle peut utilement l’éclairer »
, a-t-elle encore souligné.
Pour l’heure, en tout cas, il n’est pas question pour Emmanuel Macron de faire irruption sur le devant de la scène, alors que de nombreux élus lui réclament de ne pas promulguer la loi et d’imposer une deuxième délibération devant le Parlement, comme le lui permet la constitution. « Le chemin de cette loi n’est pas terminé puisque le Conseil constitutionnel a été saisi. Le président ne peut dès lors pas s’exprimer tant que les Sages n’ont pas rendu leur décision »
, a ainsi glissé l’entourage du chef d’État à l’AFP.
Pour rappel, la loi Duplomb cristallise les tensions depuis de nombreux mois. Elle prévoit, entre autres, la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes – interdit en France mais autorisé en Europe. Ce produit est réclamé par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et disent subir la concurrence déloyale de leurs voisins. D’autres dispositions, sur le rôle de l’Anses ou le stockage de l’eau pour l’irrigation des cultures (méga-bassines), font aussi partie de ce texte.