- « Je me rappelle très bien », « ça s’est passé exactement comme ça »… vraiment ?
- Si la mémoire nous permet de stocker des souvenirs tout au long de notre vie, elle est aussi influencée par d’autres facteurs.
- Le biais mnésique désigne le fait de rapporter ou de se remémorer un événement, mais de manière incomplète.
« Je ne me rappelle plus, mais je m’en souviens, j’ai tout oublié, mais tout me revient »
, chante Benjamin Biolay dans son titre « La Mémoire ». Et en quelques phrases, il résume le biais mnésique, soit le fait de se rappeler un événement, mais de manière incomplète ou déformée. Après tout, peut-on vraiment se fier à sa mémoire ? Est-il possible de se remémorer exactement un évènement tel qu’il s’est déroulé ? Pas sûr. Car la mémoire est liée à la perception et à nos émotions. Et il arrive que ces derniers éléments déforment le souvenir. Si bien que lorsqu’on dit « je me souviens très bien de ce moment »
, il n’est pas vraiment possible d’en être sûr à 100%.
Si vrai et pourtant faux
L’Inserm définit la mémoire comme « la fonction qui nous permet d’encoder, conserver et restituer des informations pour interagir avec notre environnement. Elle rassemble nos savoir-faire, nos connaissances, nos souvenirs
« . Néanmoins, nous ne sommes pas uniquement des boîtes noires qui emmagasinent et stockent des données. En réalité, nous sommes influencés par d’autres éléments : nos émotions du moment, nos attentes, notre état d’esprit au moment du souvenir et au moment où on le raconte. Nos émotions ont ainsi tendance à colorer et déformer nos souvenirs. Ainsi, on amplifie un élément ou, au contraire, on l’occulte totalement. Résultat : notre « mémoire reconstruit plus qu’elle ne reproduit
« , explique le compte Instagram Le Petit Psy.
Par ailleurs, d’autres facteurs influent sur la reconstruction de l’information, comme par exemple, l’attention. « Si un détail nous a échappé, il est probable que cette information ne soit jamais encodée. Par exemple, deux individus qui assistent à la même scène auront des souvenirs différents selon ce qui aura attiré leur attention
« , explique la coach en entreprise Agnès Menso sur son site Internet. Enfin, dernier élément qui peut nous jouer des tours : le contexte ou le faux souvenir. Un lieu, une ambiance, une odeur peuvent changer la perception ou faire office de déclencheur. De plus, un mot peut également impacter la reconstruction de l’information. C’est ce qu’avait démontré la psychologue Elizabeth Loftus en 1974. « Elle montre que la façon dont on pose une question peut modifier un souvenir
« , indique Le Petit Psy. En remplaçant « percutées
» par « touchées
» en évoquant deux voitures impliquées dans un accident, certains participants ont cru voir du verre cassé… alors qu’il n’y en avait pas : « Notre mémoire se reconstruit à partir d’indices, même faux »
.
Le pire plus que le meilleur
L’Inserm explique que la mémoire est « indispensable à la réflexion et à la projection de chacun dans le futur, elle fournit la base de notre identité
« . Si nos souvenirs nous construisent, ils « ont aussi une influence sur nos jugements, nos décisions et nos relations
» et ce, même s’ils sont biaisés ou incomplets… voire faux. C’est la raison pour laquelle on a tendance à se rappeler très précisément des disputes dans un couple, même si les moments heureux sont majoritaires. De même, un sportif se rappelle plus précisément ses échecs que ses succès, ce qui peut influer sur ses performances futures.
Alors comment remédier à ce biais ? Difficile de savoir, car il est différent selon les personnes. Néanmoins, pour restituer un souvenir de manière factuelle, le mieux est peut-être de l’écrire dans un journal intime ou encore dans les notes de son téléphone, voire de l’enregistrer.