Le hashtag #MidGirls, qui a émergé en 2024 sur les réseaux sociaux, comptabilise plus de 134,7 millions de posts.
Tiré de l’anglais « middle », qui signifie « milieu » en français, le terme désigne la fille moyenne ou lambda.
Sans être né d’une mauvaise intention, ce concept nuit à l’estime de soi des jeunes femmes.
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Avec Elles
Inspiré du célèbre défi TikTok qui débute par « Bien évidemment que…« , ce nouveau phénomène met en scène des jeunes femmes de la génération Z (nées après 1995) qui racontent une réalité personnelle à travers des anecdotes du quotidien. En commençant toutes leurs phrases par « Je suis une meuf mid car…« , elles font leur autocritique physique. Dans des vidéos relayées par le réseau social, on peut ainsi entendre des déclarations comme : »je suis une meuf mid parce qu’aucun homme ne se retourne sur mon passage dans la rue » ou « je suis une meuf mid parce que personne n’est choqué quand je dis que j’envisage de faire de la chirurgie esthétique« .
En quoi consiste le concept de « mid girls » ?
Postée sur TikTok, une vidéo de Lily-Rose, 22 ans, est à l’initiative de cette nouvelle tendance. Vue 2,5 millions de fois, elle a généré des dizaines de milliers de réactions parmi sa génération. Ce phénomène a pris une telle ampleur que de nombreuses jeunes filles ont repris les codes de la vidéo pour se dévaloriser à leur tour.
Ces jeunes femmes auto-proclamées « mid girls » qui ne se trouvent ni jolies ni laides critiquent ouvertement leur physique, notamment en se comparant aux femmes qu’elles considèrent comme très belles. Elles se livrent sur leurs complexes et sur ce qu’elles estiment être des imperfections.
En énumérant les raisons pour lesquelles elles sont, à leurs yeux, moins séduisantes que d’autres femmes, ces « mid girls » alimentent cette tendance qui incite les femmes à se dévaloriser.
Pourquoi ce phénomène est-il inquiétant ?
Cette tendance réduit les femmes à une apparence physique, ce qui n’a rien de positif pour Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Sur le site de 20 minutes, elle explique que ces discours d’autodépréciation représentent une manière de se dédouaner, de se protéger ou d’anticiper les campagnes de bashing sur les réseaux sociaux.
Pour cette spécialiste, on assiste à « une tyrannie des critères qui ne correspond pas à la réalité« . La beauté est présentée comme objective alors qu’elle reste subjective. Les jeunes femmes risquent de développer des troubles de l’image de soi (anorexie, boulimie, dysmorphie…). Ces vidéos peuvent aussi renforcer la dépression et l’humiliation publique. D’autant plus qu’il s’agit d’un public relativement fragile.
Le mal-être de la génération Z
Selon une étude de l’IMCAS, les 18-34 ans ont aujourd’hui davantage recours à la chirurgie esthétique que les 50-60 ans. Pour Marie-Estelle Dupont, cette mauvaise estime de soi qui conduit à ces actes s’est accentuée avec les contenus de certains influenceurs. Cette opinion est partagée par le gouvernement français qui a dévoilé en mars 2023 les conclusions de ses travaux pour réguler l’activité des influenceurs sur le territoire. Parmi les premières décisions, il y a celle d’interdire la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux.
D’un point de vue psychologique, ce phénomène de « mid girls » a aussi de quoi inquiéter. Comme le souligne Santé Publique France en 2023, la santé mentale des jeunes ne cesse de se dégrader depuis 2020. Cette dégradation concerne surtout les jeunes adultes entre 18 et 24 ans. Et justement, cette tranche d’âge se montre très critique envers son corps. Selon un sondage Ifop réalisé en 2023, 47 % des jeunes femmes entre 18 et 24 ans n’aiment pas leur corps et 59 % ont du mal à se mettre en maillot de bain en été.