Vous êtes au 110, rue de Vaugirard à Paris, devant l’entrée du monastère de la Visitation. Niché en plein cœur du cossu 6e arrondissement de Paris, ce lieu, qui s’étend sur une surface de plus de 7 000 mètres carrés, possède une histoire unique.
D’abord petite maison d’habitation au XVIIe siècle, il devient un hôtel particulier au début du XVIIIe siècle, qui servira ensuite de pavillon de chasse à la famille de Clermont-Tonnerre. Ce bâtiment est doté de beaux pilastres cannelés en pierre de taille d’époque Louis XVI. En 1819, les religieuses de l’ordre de la Visitation – qui avaient pour mission de visiter malades et pauvres – acquièrent l’édifice et y font construire une chapelle avec un beau dallage. En 1867, le terrain s’agrandit pour accueillir un pensionnat qui sera ouvert jusqu’en 1884. Dix-neuf ans plus tard, les visitandines construisent une vacherie enjambant la chapelle et portant un haut mur pare-vue en briques ajourées, ainsi qu’un poulailler, puis en 1889 une boulangerie, car elles devaient vivre en autarcie. Elles y ont ajouté en 1897 une blanchisserie. La valeur de ce lieu tient en partie au fait d’être un écrin de verdure en plein cœur de la capitale, grâce à ses 4 000 mètres carrés de jardin. Cet espace arboré occupe près de la moitié de l’ensemble.
Les sœurs de la Visitation ont quitté le monastère en 2010 et ont cédé au diocèse de Paris le lieu, désaffecté depuis lors. Comme le raconte un récent article du Monde, « l’Eglise de Paris décide alors d’en faire une colocation solidaire pour héberger trois associations qui accueilleront des femmes enceintes en situation difficile, des personnes en situation de handicap et d’autres en situation de précarité. Un lieu d’entraide et de charité, selon le vœu des cinq dernières religieuses résidentes, un projet d’intérêt collectif qui s’est vu accorder un permis de construire, en 2019, par la Ville de Paris. »
Si le projet prévoit de conserver et rénover l’hôtel particulier, l’ancien pavillon de jeunes filles et la chapelle, en revanche, les autres bâtiments, datant généralement de la fin du XIXe siècle et de plus faible hauteur – la boulangerie, la blanchisserie, les deux pittoresques petits oratoires, la vacherie – seront détruits. A leur emplacement, seront construits quatre bâtiments d’habitation, dont trois bordant le jardin, et qui accueilleront quarante-trois logements, mais également une crèche et deux commerces. Deux immeubles auront une hauteur de 15 mètres rue du Cherche-Midi (cinq niveaux) et de 18 mètres rue de Vaugirard (six niveaux).
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