Ce premier établissement d’un réseau d’internats catholiques privés non mixtes soutenu financièrement par le milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin soulève les inquiétudes. Cent soixante personnalités politiques, syndicales et universitaires s’opposent ainsi à l’ouverture du collège-lycée privé baptisé « Académie Saint-Louis » en Sologne, dans une lettre ouverte adressée aux autorités, datée de mardi et consultée vendredi 11 juillet par l’Agence France-Presse (AFP).
« Au nom de la protection de la jeunesse et du caractère non-scolaire de cet établissement, au nom du respect des principes fondamentaux de notre république, au nom des intérêts fondamentaux de la nation, nous vous demandons de vous opposer à l’ouverture de l’Académie Saint-Louis », réclament les 160 personnalités et 30 organisations signataires.
Ce premier projet doit voit le jour en septembre 2025 au domaine de Chalès, situé sur la commune de Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher). Le délai d’instruction du dossier court depuis le 18 avril, avait précisé le rectorat à l’AFP. Le recteur, le préfet et le procureur de la République, destinataires de la lettre, disposent de trois mois pour s’opposer à l’ouverture de l’établissement, conformément à la loi.
« Risque d’endoctrinement des élèves assuré »
Quelques jours avant la date butoir, les auteurs du texte, parmi lesquels l’ancien ministre de l’éducation Benoît Hamon, l’ex-candidat à la présidentielle et actuel chef de file du Parti communiste Fabien Roussel ou la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, soulèvent « un risque d’endoctrinement des élèves assuré » et pointent « une académie politique au service d’une idéologie ». Ils fustigent aussi l’encadrement des élèves par des plus âgés, un « type de fonctionnement mis en cause par le rapport d’inspection de 1995 concernant l’institution Notre-Dame de Bétharram, pour les violences qu’il générait ».
« Fondée sur les valeurs traditionalistes de la religion catholique », la charte de l’éducation adoptée par l’Académie Saint-Louis « fait mine de s’intégrer dans les principes républicains », souligne la lettre. Sur le plan spirituel, « la liberté de conscience n’existe tout simplement pas. Le terme “laïcité” n’apparaît à aucun moment ».
« Le choix assumé de Pierre-Edouard Stérin de peser sur le processus électoral en mettant à disposition sa fortune porte une atteinte grave à un intérêt fondamental de la nation : la démocratie » est aussi évoqué, alors que le fondateur de l’entreprise de coffrets cadeaux Smartbox, catholique conservateur assumé et exilé en Belgique, diversifie les initiatives pour influencer la vie politique française ces derniers mois.
Dans un communiqué transmis en mars à l’AFP, les Académies Saint-Louis de Chalès disaient « s’inscrire dans la tradition des établissements d’excellence », affirmant qu’« assimiler cette ambition collective à une quelconque idéologie politique relève d’une méconnaissance de ce qu’est un projet éducatif ».