« Le handicap n’est pas un frein », affirme, à 28 ans, Pierre-Maxime Kondoki, atteint d’une amyotrophie spinale infantile. Il érige ce principe en fondement de son existence. « Mis à part ne pas pouvoir courir, rien de ma vie ne me fait comprendre que j’ai un handicap. Je travaille, j’ai des passions, des amis, je sors comme tout le monde, je vais à la plage, au cinéma, je voyage, je vais à des fêtes », lance le jeune homme avec un sourire communicatif et des yeux affables.
Diagnostiquée chez lui à l’âge de 2 ans, cette maladie neuromusculaire l’empêche de marcher. En France, elle touche un bébé sur 7 000 et, depuis le 1er septembre, a intégré le programme national de dépistage néonatal, avec deux autres maladies, afin d’améliorer la prise en charge des enfants.
Au tribunal judiciaire de Saint-Denis, à La Réunion, Pierre-Maxime Kondoki, qui occupe le poste de secrétaire administratif, est responsable du service centralisateur des frais de justice. Sur son fauteuil électrique, il circule en habitué dans les couloirs du bâtiment jusqu’à son bureau aménagé, doté d’une porte automatisée, et peut, une fois installé devant sa table, régler la hauteur de son ordinateur. Sa mission consiste à contrôler et à certifier les demandes de paiement des experts judiciaires (médecins, psychologues, assureurs, architectes, etc.) qui interviennent dans une procédure judiciaire sur réquisition. Un rôle-clé dans la juridiction, qui l’enthousiasme : « Je suis là pour servir le justiciable, c’est une fierté. » Employé un peu moins de 38 heures par semaine, comme n’importe quel fonctionnaire de justice, il se rend deux fois par semaine au tribunal grâce à un taxi aménagé. Un aidant l’assiste durant la pause déjeuner. Les trois autres jours sont effectués en télétravail. « Il était peut-être plus confortable de traiter les dossiers de chez moi pendant toute la semaine, mais j’ai besoin d’être dans le contexte du tribunal, d’appartenir à une communauté de travail, explique-t-il. Etre tout seul dans mon coin ne me convient pas. »
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