Nouveau totem antiécolo
Préfets, ministres, députés et maires se scandalisent, depuis la mi-mai, d’une prétendue volonté des « écologistes » d’interdire le comté, le fromage préféré des Français selon un sondage d’OpinionWay paru le 22 mai. À l’origine de la polémique, une chronique de trois minutes de Pierre Rigaux, dans « La Terre au carré », sur France Inter, le 24 avril : « Le sujet est connu localement, dans le Jura, mais peu évoqué à l’échelle nationale. » Résumons : l’élevage intensif des montbéliardes, dont le lait est utilisé pour la fabrication du comté, « charge les sols, via leurs déjections, d’azote et de phosphore ». Qui dit sols, dit cours d’eau : les rivières du Jura seraient largement polluées. Depuis la parution d’un article du Figaro Magazine, le 9 mai, titré « Les écolos veulent interdire… le comté ! », il se dit « dépassé » par la médiatisation du sujet, en passe de devenir le nouveau totem antiécolo et de rejoindre le « barbecue masculiniste » de Sandrine Rousseau.
Un électron libre
« Mon intention n’était pas d’appeler à l’interdiction du comté. Il s’agissait d’alerter sur les impacts écologiques et éthiques de nos pratiques alimentaires », explique-t-il. Le parti Les Écologistes, accusé de vouloir empêcher les Français de profiter de leur tranche de fromage, a publié un communiqué désapprouvant les propos de Pierre Rigaux, qui n’en est pourtant pas membre. Non encarté, cet ancien salarié de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) mène depuis six ans une activité « militante indépendante » : il enquête sur les atteintes à l’environnement et la maltraitance animale, financé par des particuliers. « C’est un métier atypique que j’ai la chance d’exercer librement », décrit-il. Il en retire un salaire « suffisant », qui lui permet de vivre « modestement ». Hormis son automobile, qui alourdit son bilan carbone, ce qui le désespère.
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