Des sénateurs démocrates ont passé sur le gril, mardi 25 mars, les principaux responsables du renseignement américain, au lendemain de révélations fracassantes selon lesquelles un journaliste avait été inclus par erreur dans un groupe de discussion confidentielle de hauts responsables de l’administration Trump consacré à des frappes contre les houthistes.
Le sénateur Mark Warner a interpellé la directrice nationale du renseignement, Tulsi Gabbard : « Vous êtes la responsable sécuritaire qui met en place les consignes d’accès aux informations classifiées. Avez-vous contacté le ministre de la défense ou d’autres après le partage de ces plans militaires spécifiques pour dire : “Nous devrions le faire [dans un dispositif sécurisé]” ? »
« Il n’y avait pas d’informations classifiées partagées », a-t-elle affirmé lors de cette audition devant la commission du Sénat sur le renseignement, refusant cependant d’« entrer dans les détails » ou de confirmer sa présence dans cette boucle de discussion. Mark Warner a critiqué le manque de transparence, selon lui, de la responsable, et l’a exhortée à partager le contenu des discussions, si effectivement aucune information classifiée n’avait été divulguée.
« Attitude négligente »
Le rédacteur en chef du prestigieux magazine The Atlantic a publié lundi un long article, dans lequel il détaille les échanges entre hauts officiels américains sur un plan d’attaque militaire contre les rebelles houthistes au Yémen, dans un groupe de la messagerie Signal auquel il a été ajouté par erreur. Une faille de sécurité spectaculaire pour les Etats-Unis, largement décriée dans les rangs démocrates. La Maison Blanche a confirmé l’authenticité de la chaîne de messages, mais a affirmé également qu’aucune information classifiée n’avait été dévoilée.
John Ratcliffe, le directeur de la CIA, a confirmé de son côté sa présence dans cette boucle, mais a défendu un usage « autorisé et légal » de l’application Signal.
Le démocrate Mark Warner a critiqué un manque de prudence des personnes présentes dans la boucle et affirmé que si un officier militaire ou du renseignement « avait ce genre de comportement, il serait limogé ». « C’est un exemple de plus de l’attitude négligente, imprudente, incompétente, particulièrement en ce qui concerne les informations classifiées » de l’administration Trump, a estimé l’élu.
Le sénateur démocrate Ron Wyden a appelé à la démission du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, et du ministre de la défense, Pete Hegseth. Le premier aurait été à l’origine de l’ajout accidentel du journaliste, tandis que le second aurait partagé en amont des plans de frappes sur les houthistes. Pour le sénateur Angus King, « il est difficile de croire que les cibles et le calendrier [des frappes] et les armes n’aient pas été classifiées ».
Trump minimise « un pépin »
Son collègue Jack Reed a demandé à Tulsi Gabbard et à John Ratcliffe si ces informations avaient été déclassifiées par l’administration Trump, et si oui, si elles l’avaient été a posteriori de leur partage sur la boucle de discussion. « Je m’en remets pour ces questions au ministre de la défense », a répondu Tulsi Gabbard.
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Donald Trump a pour sa part estimé, mardi, lors d’un appel téléphonique avec la chaîne NBC que l’ajout du journaliste à ce groupe était « le seul pépin en deux mois, et finalement sans gravité ». Le président américain a ajouté que Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale, avait « appris une leçon » avec cette erreur. Plus tard dans la journée, la Maison Blanche a dénoncé « une tentative coordonnée de détourner l’attention du succès des décisions prises par le président Trump et son gouvernement pour faire payer les ennemis de l’Amérique », dans un communiqué vantant les frappes menées par l’armée américaine contre les houthistes.
Le 15 mars, les Etats-Unis ont effectivement mené d’importants bombardements sur des bastions rebelles au Yémen. Donald Trump a promis « l’enfer » aux « terroristes houthistes » et sommé l’Iran de cesser de soutenir ces rebelles, qui ont multiplié les attaques contre le commerce maritime au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, en octobre 2023. Les houthistes affirment que ces frappes américaines ont fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés.