CANAL+ – JEUDI 6 FÉVRIER À 22 H 35 – SÉRIE DOCUMENTAIRE
« Journée de merde. » Sur une plage de sable blanc, Simon Bernard, cofondateur, avec Alexandre Dechelotte et Bob Vrignaud, du projet Plastic Odyssey, semble épuisé. Il est vrai que vouloir nettoyer l’île la plus polluée aux plastiques au monde – l’île Henderson, dans le Pacifique – à l’aide d’un parachute rose et bleu… n’est pas gagné. Ce nouveau défi est au cœur de Plastic Odyssey. Mission Pacifique, deuxième épisode de la série documentaire consacrée à cette expédition maritime de trois ans, partie le 1er octobre 2022 de Marseille : un film efficace, qui agrège enthousiasme entrepreneurial et conscience environnementale.
Plastic Odyssey n’a, en effet, rien d’un anecdotique challenge entrepris par quelques écolos bobos. Le projet a été lancé en 2018 par trois amis effarés de constater que, chaque minute, 19 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans l’océan… mais persuadés que « nous, citoyens du monde, avons les moyens pour arrêter ce désastre », comme ils le rappellent sur le site de Plastic Odyssey, où chacun peut suivre l’expédition en live. A mi-parcours, l’île Henderson est en vue.
Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988, pour son écosystème unique, l’île est aussi un dépotoir marin par le jeu de courants marins circulaires – le gyre du Pacifique Sud – qui attirent les déchets sur ses rives. Difficulté supplémentaire, l’îlot de 38 kilomètres carrés est entouré d’une barrière de corail qui empêche tout navire d’approcher et donc d’évacuer les big bags de plastiques ramassés par tonnes sur la plage.
Micro-usine
Au-delà de ce challenge, que le film permet de suivre jour par jour, au fil de ses rebondissements, des flash-back permettent de réaliser l’incroyable montée en puissance du projet Plastic Odyssey depuis la mise à l’eau, le 15 octobre 2018, d’un bateau prototype de 6 mètres. Le Plastic Odyssey, qui sillonne aujourd’hui les océans, est un imposant catamaran, avec, à son bord, un équipage d’une douzaine de marins – un groupe élargi depuis l’arrivée de Hanna Dijkstra, écologue marine américaine – et une micro-usine pour assurer les premières phases de recyclage des tonnes de déchets plastiques collectés.
Autre marqueur de cette progression : lorsque Simon Bernard retourne à Dakar, six mois après leur première escale, la micro-usine installée alors traite 4 tonnes de déchets plastiques par jour. En même temps, Souleymane Ciss a mis en place un système de collecte efficace. La caméra le suit dans sa tournée en triporteur électrique : il énonce les trois clés de la réussite (socialement équitable, économiquement rentable et soutenable pour l’environnement), mais rappelle aussi qu’il a essuyé des moqueries au début.
Dans le quartier de Bargny, en périphérie de Dakar, le rappeur Medza Ndoye met, depuis quinze ans, son flow au service de la collecte de plastiques et des 70 000 habitants « qui souffrent ». Pour lui, comme pour Souleymane Ciss, l’enjeu, ce sont les jeunes, qu’il faut convaincre de rester au Sénégal – les pirogues des pêcheurs servent aussi à l’« immigration clandestine ».
« Les déchets ont de la valeur », assure, à des milliers de kilomètres de là, Michele Christian, responsable de l’environnement de Pitcairn, île habitée (44 personnes) la plus proche de Henderson. Avant que le Plastic Odyssey ne poursuive son tour du monde.
Plastic Odyssey. Mission Pacifique, épisode 2 de la série documentaire de Pierre de Parscau (Fr., 2024, 85 min). Diffusé sur Canal+ Docs dès mercredi 5 février à 21 heures et disponible à la demande sur MyCanal.