Quoi de mieux que la Maison du zéro déchet, dans le 12e arrondissement de Paris, pour accueillir un atelier de réparation luttant contre la surconsommation ? Installé au premier étage, le « spécial téléphone et ordinateur » – c’est ainsi que l’appellent les habitués – a ouvert en 2023. Une fois par mois, les réparateurs, qui étaient au nombre de trois le mardi 26 novembre, sortent leurs tournevis et leurs casques à loupe.
Sur la grande table repose le téléphone de Sam, éventré pour le bien de l’opération. « Un écran cassé », précise Samuel, penché sur l’appareil. Bénévole depuis six ans, l’informaticien travaille sur le smartphone depuis bientôt une heure : « Il n’y a plus de vis à l’extérieur, les fabricants collent tout, maintenant. Il faut le chauffer pour l’ouvrir, et ensuite tout recoller. Ça nous prend un temps fou. » Au même moment, Pierre, réparateur depuis 2015, range un sèche-cheveux dans une caisse à outils.
Le nouvel écran installé, il faut à présent vérifier son bon fonctionnement. Samuel retient son souffle, appuie sur le bouton on/off, et c’est une réussite ! Pour cette fois, car ce n’est pas toujours le cas. L’ordinateur d’Annick en est un exemple : « On a établi un premier diagnostic, mais je vais devoir revenir pour le valider. explique-t-elle. J’ai rendez-vous dans deux semaines, j’ai bon espoir. »
« Donner envie d’apprendre à réparer »
Bienvenue dans l’unique Repair Café de Paris consacré à la réparation de téléphones et d’ordinateurs portables, le besoin de réparation de ces appareils conduisant certains de ces lieux à se spécialiser. L’association, née à Amsterdam en 2009, décompte 697 Repair Cafés en France à ce jour, sur les 3 500 dans le monde. Collaboratifs, associatifs et autonomes, ces ateliers proposent une nouvelle façon de consommer qui plaît au public – le nombre de Repair Cafés en France a doublé en trois ans. Encadrés par des bénévoles, professionnels ou autodidactes, les clients viennent donner une seconde vie à leurs objets. Ce jour-là, Annick et Sam placent leurs espoirs dans l’habileté de Romain, Pierre et Samuel, tous trois informaticiens de formation.
D’emblée, les réparateurs annoncent la règle du jeu : il n’y a aucune garantie de résultat. « Si ça rate, on n’est responsables de rien, rappelle Pierre. Il y a toujours un risque, comme pour une vraie opération. » Un pari qui n’empêche pas les places d’être prises d’assaut : l’atelier de décembre est déjà complet. Raisons écologiques pour certains, économiques pour d’autres. Une chose est sûre : la convivialité joue un rôle crucial pour les clients et les bénévoles. Samuel remonte le téléphone avec délicatesse et sourit : « Si je peux aider les gens, pourquoi ne pas le faire ? C’est un geste écolo d’amour. » Au moment de partir, Annick s’écrie : « On pourra célébrer les fêtes ensemble, la prochaine fois ! »
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