- Plusieurs incendies se sont déclarés ce week-end dans le sud de la France.
- Les prémices d’un été sous haute tension dans l’Hexagone ?
- Les éléments semblent en tout cas montrer que la saison pourrait être difficile pour les soldats du feu.
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La France face à un début d’été caniculaire
Le sud de la France voit déjà rouge. Alors que plusieurs feux se sont déclarés ce week-end en France, la situation fait craindre un été particulièrement tendu sur le front des incendies. En cause ? Un printemps plus pluvieux que la normale, un mois de juin parmi les plus chauds jamais enregistrés dans l’Hexagone et une sécheresse qui s’installe un peu partout dans le pays. « Par rapport à la situation au 1ᵉʳ juillet, nous sommes plutôt dans une année hors de la normale »,
pointe auprès de TF1info Catherine Robert, coordinatrice nationale Feux à Météo-France.
Une sécheresse qui avance…
Concernant la sécheresse, « nous sommes vraiment en avance, suite aux fortes chaleurs observées au mois de juin et le manque de précipitations »,
précise Catherine Robert qui estime que la situation peut se rapprocher de celle vécue lors de l’été 2022, lorsque la France avait été touchée par des feux de grande ampleur (nouvelle fenêtre), notamment en Gironde. « Une grande partie du territoire connaît des conditions plus sèches, surtout par rapport à 2023 et 2024, années où nous avions eu plus de pluie. Deux zones retiennent aujourd’hui notre attention : le pourtour méditerranéen, anormalement sec, et une grande partie du centre-ouest jusqu’au bassin parisien »,
détaille encore la coordinatrice nationale Feux.
« La sécheresse est plutôt avancée, notamment sur tout ce qui est herbacé et arbustif, alors que les arbres s’en sortent plutôt bien »,
détaille de son côté Christophe Chantepy, expert national Défense des forêts contre les incendies (DFCI) à l’Office national des forêts (ONF). L’organisme dispose d’un réseau pour mesurer le taux d’humidité des végétaux et déterminer leur sensibilité afin de mieux étudier le risque d’incendie. Les agents de l’ONF collaborent ainsi avec la Sécurité civile et les pompiers pour adapter les dispositifs de sécurité en fonction des zones.
« Dans tous ces relevés, en 2025, on a des teneurs en eau particulièrement basses et dans 40% de nos relevés, on observe un record de la décale ».
Ce qui revient à dire que les végétaux n’ont jamais été aussi secs sur les 10 derniers jours de juillet, alerte-t-il.
…. Sur des végétaux bien développés
Une situation d’autant plus complexe sur le front des incendies, que cette sécheresse touche des végétaux qui se sont bien développés durant le printemps dernier, avec des pluies importantes (nouvelle fenêtre). « On a eu la chance d’avoir un printemps très humide, avec une végétation qui en a profité et c’est une bonne chose, surtout dans des régions comme l’Aude et les Pyrénées-Orientales qui étaient dans une situation compliquée. Mais le problème, c’est que maintenant cette végétation est en stress hydrique face à la sécheresse et à la canicule »,
pointe l’expert de l’ONF.
Des végétaux plus secs qui deviennent un véritable « carburant »
pour les départs de feu et leur propagation. Avec toutefois une bonne nouvelle pour les forêts : aujourd’hui les arbres ne sont pas concernés par cette sécheresse qui gagne les herbes et les petits arbustes, puisque grâce aux pluies du printemps, les eaux de pluie ont pu s’infiltrer dans le sol (nouvelle fenêtre), en dessous de 40 cm de profondeur. « Tout ceci alimente encore très bien les arbres qui ne pâtissent pas encore d’un volet sécheresse »,
pointe Christophe Chantepy, sans pour autant prémunir les zones de tout risque d’incendie.
Et des semaines à venir qui pourraient empirer la situation
Mais la situation pourrait se dégrader dans les jours à venir avec un nouvel épisode de fortes chaleurs déjà prévu d’ici à la fin de la semaine. Des températures élevées qui vont aggravere encore plus l’assèchement de la végétation et le risque d’incendie. « Il faut se préparer à une saison difficile »,
pointe ainsi Christophe Chantepy. Mais impossible pour l’instant de connaître le déroulé de l’été, tout dépendra des précipitations des prochaines semaines, mais surtout du comportement des Français (nouvelle fenêtre). « À la fin de l’été, on verra si la saison a été difficile ou non mais ce qu’il faut rappeler, c’est que 90% des incendies est d’origine humaine. Si on n’apporte pas l’étincelle, on peut limiter l’ampleur des feux en France »,
rappelle le responsable à l’ONF.
« Finalement, c’est presque la chance que l’on a au milieu de tous les autres risques, comme les inondations pour lesquelles on ne peut pas maîtriser la quantité d’eau qu’il va tomber ou empêcher les tremblements de terre. Le feu, on peut empêcher son éclosion en étant simplement prudent ».
Des comportements responsables d’autant plus importants que sous l’effet du changement climatique, le risque d’incendie s’amplifie en France (nouvelle fenêtre). « C’est le signal des projections avec des étés plus chauds, plus secs, plus de période de vagues de chaleur et des épisodes qui entraînent des saisons d’incendies qui débutent plus tôt et se terminent plus tard »,
rappelle Catherine Robert.
Météo-France pointe par ailleurs que dans une France à +4°C – le scénario aujourd’hui privilégié d’ici à 2100 – le risque de feu se généralisera à l’ensemble du pays avec une aggravation dans la région méditerranéenne. « La saison des feux pourrait durer 1 à 2 mois supplémentaires dans certaines régions »,
pointe l’organisme qui rappelle que des régions du nord de l’Hexagone pour l’instant relativement préservées de ces phénomènes seront aussi de plus en plus touchés par les flammes.