« Plus de 100 corps » de migrants africains ont été repêchés depuis le début de l’année en Mauritanie, a affirmé, jeudi 10 avril, le ministre des affaires étrangères, en visite à Bamako. Une « tragédie humaine » causée, selon lui, par des « réseaux criminels » de l’immigration irrégulière.
La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, a subi depuis ces dernières semaines un afflux de candidats à l’émigration vers l’Europe. Elle a récemment mené une campagne d’expulsions de ces migrants – notamment sénégalais, maliens, ivoiriens et guinéens –, suscitant de vives critiques dans la région et des tensions diplomatiques avec ses voisins. A la fin de mars, le Mali s’était indigné des violences subies par ses ressortissants et avait demandé la cessation immédiate de cette « violation flagrante des droits humains » à la suite de l’expulsion par Nouakchott de centaines de migrants maliens.
« En 2024, plus de 500 corps de jeunes Africains ont été repêchés sur nos côtes, et plus de 100 depuis le début de cette année. C’est une tragédie humaine que nous devons affronter ensemble », a déclaré Mohamed Salem Ould Merzoug, le ministre des affaires étrangères mauritanien, cité par la présidence malienne sur les réseaux sociaux. « Il est impératif de combattre ces réseaux criminels et d’encourager une migration régulière, sûre et ordonnée, dans le strict respect des législations nationales et des accords bilatéraux », a ajouté M. Merzoug.
« Un Malien qui arrive en Mauritanie est chez lui, tout comme un Mauritanien qui se rend au Mali. Ceux qui sont en situation régulière vivent en toute quiétude. Les difficultés concernent principalement les personnes non enregistrées, ce qui requiert une meilleure organisation de part et d’autre », a-t-il estimé. Le diplomate mauritanien a rencontré jeudi à Bamako son homologue malien, Abdoulaye Diop, et le chef de la junte malienne, le général Assimi Goïta, et a discuté avec eux de « la gestion concertée des flux migratoires », selon la présidence malienne.
Des associations de défense des migrants en Mauritanie, comme SOS Esclaves, ont dénoncé des arrestations de migrants « dans des conditions inhumaines ». Les autorités mauritaniennes parlent, de leur côté, d’opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, sans donner de chiffres quant à l’ampleur de ces refoulements. La Mauritanie sert de point de départ à de nombreux migrants venus de tout le continent pour tenter de rejoindre l’Europe en prenant la mer, en quête d’un avenir meilleur.