Trompettes, hautbois, violoncelles, guitares, percutions.
Sur scène ou dans la rue, l’Orchestre du Nouveau Monde joue pour défendre la justice sociale et environnementale.
Pour en parler, Sylvia Amicone reçoit cette semaine dans « Impact Positif » son chef d’orchestre Étienne Jarrier.
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Impact positif
Sécheresses, inondations, tempêtes. Les catastrophes naturelles se multiplient. Elles engendrent des milliards d’euros de dégâts, des millions de réfugiés et d’immenses pertes pour la biodiversité. « La terre brûle et nous regardons ailleurs », déplorait Jacques Chirac en 2002. En 2020, Étienne Jarrier et des amis fondent l’Orchestre du Nouveau Monde. Il rassemble aujourd’hui près de 150 musiciens.
Objectif : faire de la musique un moteur de la transition écologique, aider à sensibiliser et à agir. Étienne Jarrier évoque ses actions dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus. L’émission est diffusée tous les samedis après-midi sur LCI, canal 26 de la TNT. « Après le confinement du Covid-19, nous voulions participer au grand mouvement écologique dans les années 2020 et faire quelque chose de nos mains. Nous avons des instruments de musique merveilleux pour transmettre des émotions. Or, la politique ne part pas toujours des chiffres, mais elle se fait avec des émotions », raconte le musicien.
Étienne Jarrier a baigné dans une famille politisée. Dans son lycée, il parlait de lutte des classes et d’anticapitalisme. Il a cherché de nouveaux moyens de lutter et la musique s’est imposée. « Le pouvoir de la musique classique, c’est qu’elle ne raconte rien, il n’y a pas de texte. Elle raconte le monde avec des pièces magistrales, tristes ou joyeuses. La musique collective ne fonctionne pas sans la réunion d’un groupe. » L’Orchestre du Nouveau Monde ambitionne de reconnecter la musique au réel : « Nous renouvelons la musique classique, ce n’est pas une bataille intergénérationnelle, mais quelque chose de commun. Nous reprenons le discours à l’intérieur de certaines œuvres et nous les réinventons. Nous laissons l’imaginaire s’exprimer pour laisser de la place aux gens à l’intérieur. Nous invitons les gens à se questionner. »
Nous allons vers notre public
Nous allons vers notre public
Étienne Jarrier
L’Orchestre du Nouveau Monde essaie de faire sortir la musique de son cadre et de le remettre dans la ville, au milieu de la société. Étienne Jarrier et ses musiciens se servent de la politique pour faire passer des messages. Ils jouent dans des écoles, au pied d’un glacier et devant le siège du Rassemblement national : « Nous avons joué « Maréchal, nous voilà » dans l’entre-deux-tours des élections législatives en 2024. Nous croyons que tout ce qu’il se passe, c’est très grave. » Le groupe a conscience que les moyens de manifester évoluent : « Dans les manifestations, il fallait crier et écrire des pancartes, mais aujourd’hui les algorithmes, réseaux sociaux et télévisions deviennent de vraies caisses de résonance et une opportunité pour les musiciens. Il y a un renouvellement permanent des formes de lutte et la ville en fait partie. Nous voulons amener l’art conventionnel dans l’activisme. »
Pour ce faire, l’orchestre veille à comprendre son public. « On choisit les œuvres en fonction du public face à nous. Nous pouvons jouer en manifestation, dans les écoles, face à un public qui se questionne déjà ou à convaincre… On essaye de s’adapter. Si le public connaît très bien la musique classique, on revisite des œuvres pour essayer de porter un nouveau regard. » Dans les écoles, l’Orchestre du Nouveau Monde a notamment adapté une création de « Pierre et le Loup », un conte de Prokofiev. Les enfants travaillent sur la musique inchangée avant de découvrir une nouvelle histoire où le loup devient un ami.