Et si certains composés per- et polyfluoroalkylés, appelés PFAS, n’étaient finalement pas des PFAS ? Dans une lettre publiée le 10 juin dans Environmental Science and Technology, un groupe de 20 scientifiques compétents en matière de polluants éternels dénoncent des manœuvres visant à modifier la définition de cette famille de substances chimiques de synthèse, toxiques et persistantes établie par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
De ce portrait-robot chimique découlent la nature et donc la quantité de PFAS attrapés dans les filets des réglementations. L’opération en cours pourrait ainsi affaiblir la multitude d’initiatives qui ciblent désormais les PFAS à travers le monde. « Nous craignons que cet exercice ne repose sur des motivations politiques et/ou économiques plutôt que scientifiques », alertent les chercheurs.
Qu’est-ce qu’un PFAS ? Longtemps, la question n’a été simple pour personne, spécialistes y compris. Car la chimie des PFAS est d’une complexité vertigineuse, et le diable se cache dans l’infiniment petit des atomes.
En 2011, un groupe d’experts propose une première définition dans un article scientifique. Peu après, l’OCDE, très impliquée sur la problématique des PFAS depuis le début des années 2000, décide de se saisir du dossier. En 2018, elle publie une définition qui englobe 4 730 substances. Des travaux complémentaires, menés sous son égide par des scientifiques du monde académique, des régulateurs et des représentants de l’industrie aboutissent en 2021 sur une définition qui identifie cette fois plus de 10 000 PFAS.
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