Uniques et universelles, les peluches ont un pouvoir rassurant et réconfortant.
Si on les associe aux enfants, ces petits objets aux poils tantôt soyeux, tantôt râpés, ont toujours leurs places auprès des (plus ou moins) jeunes adultes.
Aujourd’hui, une population plus âgée assume d’avoir une peluche, voire de dormir avec !
L’ours en peluche occupe une place importante dans nos vies. Il s’agit même de l’un des jouets les plus appréciés, et ce, depuis le début du XXe siècle. Traditionnellement, la peluche est associée à l’enfance, un objet transitionnel destiné à apaiser ou réconforter les petites têtes blondes. Pourtant, la peluche reste toujours présente dans la vie quotidienne des adultes !
Les adultes assument les peluches !
Selon une étude menée en 2017 auprès de 2 000 adultes américains, 40 % d’entre eux déclaraient dormir avec un animal en peluche à leurs côtés. En Belgique, un adulte sur cinq continue à dormir encore avec une peluche, et 76 % des personnes le font même en présence d’un conjoint. En France, les ventes de peluches ont progressé de 9 % en un an selon le cabinet de conseil Circana et le marché de la peluche destiné aux adultes pèse aujourd’hui 50 millions d’euros en France. En effet, « au cours des douze derniers mois, les achats destinés à des consommateurs âgés de 12 ans et plus – catégorie baptisée « kidultes » – ont représenté 29% du chiffre d’affaires total des jeux et jouets, du jamais vu pour ce marché » et « à elles seules, les ventes de peluches ont bondi de 14% sur la même période« , nous apprenait une dépêche AFP publiée mercredi 4 décembre.
Sandra Callahan, directrice générale de Gipsy Toys, explique à Libération, « aujourd’hui, il n’y a plus du tout de honte et c’est totalement assumé, c’était moins le cas avant« .
Le superpouvoir réconfortant de la peluche, à tout âge !
Dans une interview accordée à Ouest-France, la psychologue clinicienne Gwenaelle Persiaux explique que le doudou reste « un moyen de réconfort quand on ne va pas bien, surtout quand on est un jeune adulte« . Elle ajoute « on peut être surpris d’apprendre que les 30-40 ans ont encore un doudou qu’ils prennent pour dormir, mais cela peut être dans une situation de stress, de rupture, de déménagement ou de problèmes au boulot« . Le but premier de la peluche est d’apporter du réconfort notamment dans des moments de vie difficile. Par ailleurs, dans une société qui prône l’autonomie, l’indépendance, montrer ses émotions est parfois plus compliqué, car il y a la peur d’être jugé.
Par ailleurs, un rapport sur la santé mentale des jeunes publié en juin dernier rapportait que 42 % des 18-25 ans considèrent souffrir d’un trouble mental. Un mal-être en augmentation depuis la pandémie, accru par l’anxiété, la peur du futur et la solitude. La peluche permet de s’accrocher à un personnage fiable et familier et un ami fidèle. Anne Monier Vanryb, commissaire de l’exposition « Mon ours en peluche » au Musée des Arts Décoratifs à Paris, explique l’importance du doudou dans nos vies au Mouv : »Le grand pédopsychiatre de la deuxième moitié du vingtième siècle Donald Winnicott explique que notre problème d’être humain, c’est de faire le lien entre notre réalité à nous, ce qu’il se passe en nous, et la réalité extérieure, c’est-à-dire le monde. C’est notre grand travail d’être humain. On peut le faire avec des phénomènes et des objets transitionnels. Le premier de ces objets, c’est le doudou. Il est investi par l’enfant et c’est pour ça qu’il est aussi important et qu’on peut le garder toute sa vie. Il est une étape de notre développement ultra-importante, ça explique pourquoi c’est aussi affreux de le perdre, de le jeter ou de l’oublier, même à l’âge adulte« .
S’il n’y a rien de honteux à avoir une peluche, ou dormir avec, en revanche, c’est plus problématique lorsqu’une personne de plus de quarante ans ne peut dormir sans son doudou. Pour psychologue clinicienne Gwenaelle Persiaux, « lorsque des gens surinvestissent leur doudou d’enfance, passé un certain âge, c’est signe d’un manque de sécurité intérieure et de sérénité« .