Une enquête a été ouverte, la semaine dernière, concernant une entreprise basée à Savigny-le-Temple, en Seine-et-Marne, qui commercialise des poupées sexuelles à l’allure enfantine, a annoncé le procureur de Melun, Jean-Michel Bourlès, à l’Agence France-Presse vendredi 28 novembre, confirmant une information du Parisien. L’investigation a été lancée après un « signalement Pharos », un portail numérique du ministère de l’intérieur où sont signalés les contenus illicites disponibles sur Internet, d’après le magistrat.
La haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry, a par la suite également saisi la justice. « Qu’il s’agisse d’une plateforme internationale comme Shein ou d’une entreprise française, ma position est la même : si des contenus ou des produits pédocriminels sont identifiés, les fournisseurs doivent transmettre le nom des acheteurs à la justice », déclare l’ancienne ministre dans l’article du Parisien. « Aucune zone d’ombre ne sera tolérée, qui plus est quand le revendeur de ces horreurs peut être votre voisin, comme ici en Seine-et-Marne », ajoute-t-elle.
« No 1 de la poupée sexuelle en Europe »
En début de semaine, le journal La République de Seine-et-Marne avait déjà mentionné dans un article cette entreprise en précisant qu’elle était « dans le viseur » de l’association Mouv’Enfants. Sur le site d’ObeyMe Dolls, qui se définit comme « no 1 de la poupée sexuelle “sex doll” et “love doll” en France et en Europe », un message signale ainsi que « certaines références de poupées ont été retirées [du] catalogue ». « Cette décision fait suite à la problématique récente liée à la conformité des poupées, évoquée dans les médias, et vise à nous aligner strictement sur les exigences réglementaires », explique la société.
Le site propose cependant encore des produits qui peuvent prêter à controverse. L’une des poupées vendues est par exemple décrite comme « encore mineure » et « à peine entrée dans la puberté », tandis qu’une catégorie réunit tous les produits pour ceux voulant une « poupée sexuelle adolescente [qui] évoque l’image de la jeunesse et de la curiosité ».
Délit de diffusion de l’image ou de la représentation d’un mineur
Le gérant du site, que l’Agence France-Presse (AFP) a cherché à contacter, sans succès pour le moment, s’est défendu auprès du Parisien : « Je ne propose pas de modèles enfant et je n’ai jamais présenté ces modèles comme tels. Ils font un peu juvéniles, comme des personnages de manga, inspirés de l’imaginaire nippon. Je les ai tout simplement retirés du site pour éviter toute confusion. » « C’est déjà arrivé que des personnes me demandent un modèle enfant, j’ai tout de suite alerté Pharos ! », ajoute-t-il. Contacté par l’AFP, le ministère du commerce n’a pas encore fait de commentaire sur cette affaire.
Cette nouvelle procédure intervient quelques semaines après le scandale de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine vendues par les plateformes asiatiques Shein et AliExpress, à propos desquelles le parquet de Paris a annoncé en début de mois qu’il avait ouvert une enquête.
Ces poupées, qui sont des jouets sexuels réalistes, tombent sous le coup du délit de diffusion de l’image ou de la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique, passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.








