Ils ont refusé le thé ou le café qu’on leur proposait, accepté un simple verre d’eau… plate. Dans le salon vert de l’Elysée, les dirigeants de la droite, Laurent Wauquiez, Annie Genevard et Bruno Retailleau, étaient reçus, mercredi 28 août, pour la deuxième fois par Emmanuel Macron, qui étire ses consultations. Un échange courtois, mais plus tendu que le premier, alors que le président de la République, qui a balayé la candidature de Lucie Castets (Nouveau Front populaire) à Matignon, met désormais la pression sur la droite pour qu’elle s’engage dans une coalition gouvernementale, au-delà du simple « pacte législatif » qu’elle lui a demandé de reprendre à son compte en juillet, en échange d’un soutien au Parlement.
« Si vous ne voulez pas venir au gouvernement, vous me condamnez à nommer une personnalité de gauche à Matignon », a laissé entendre le président. « La nomination d’un premier ministre relève de votre responsabilité », a rétorqué le chef de file des députés Les Républicains (LR). Mais quand le trio dirigeant de la droite a insisté auprès de M. Macron pour qu’il reprenne l’essentiel des mesures proposées dans leur « pacte », ce fut au tour du président d’esquiver, se retranchant derrière son rôle d’arbitre. « Décevant », a tancé M. Wauquiez en sortant.
Pour la droite, l’étau s’est resserré, alors qu’Emmanuel Macron tente de lui faire porter la responsabilité du blocage. « Wauquiez est coincé », a glissé le président, lundi, à un responsable politique reçu à l’Elysée. « Il cherche à nous mettre dans la seringue », admet le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Car plus M. Macron va faire durer ses consultations, plus le refus de LR d’entrer dans un gouvernement pourrait s’avérer coûteux vis-à-vis de son électorat.
Navire qui prend l’eau
Pour la droite, la ligne de crête est étroite : en formulant un ensemble de « priorités » (revalorisation du travail, fermeté sur l’immigration, lutte contre le gaspillage de l’argent public, etc.), ficelées dans leur « pacte législatif », Les Républicains ne veulent pas apparaître comme alimentant le chaos institutionnel. Mais alors que Laurent Wauquiez s’emploie à recréer un espace politique en vue de la présidentielle de 2027, il estime n’avoir aucun intérêt à monter sur le pont d’un navire qui prend l’eau et fonce tout droit sur l’iceberg, dès lors que le président sortant ne peut pas se représenter dans trois ans. « On veut préserver notre liberté », insiste M. Retailleau, selon lequel une coalition serait la garantie de voir revenir le « en même temps », en « plus grand ».
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