Après la colère, l’inquiétude. Les Palestiniens enrageaient contre une administration Biden qui appelait au cessez-le-feu à Gaza tout en fournissant à Israël les armes indispensables à sa guerre. A présent, ils redoutent le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. A propos du Moyen-Orient, le président élu avait certes sommairement déclaré, en avril, vouloir « revenir à la paix » et « arrêter de tuer des gens ». Mais il risque de le faire à l’avantage exclusif des Israéliens, aux côtés du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avec lequel il a repris langue en juillet, dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride.
« Nétanyahou a gagné du temps jusqu’à l’élection de Trump, et ça a payé. A présent, plus aucun obstacle ne se dresse devant lui, décrypte Nour Odeh, analyste politique palestinienne. Il peut mener sa guerre comme il l’entend, d’autant plus qu’il vient de limoger son ministre de la défense, Yoav Gallant, qui s’opposait à lui. Quant à Trump, il n’est pas intéressé par l’Autorité palestinienne [AP], dont l’état ne cesse d’empirer, ni par un dialogue avec Mahmoud Abbas, parce qu’ils se sont déjà brouillés. Il va faire ce qui plaira à Israël. Et le droit international ne le retiendra pas plus que le droit américain. »
Comme ses pairs arabes, le président de l’AP s’est empressé de féliciter le candidat républicain. Dans un communiqué publié mercredi, Mahmoud Abbas « a exprimé son aspiration à travailler avec le président Trump pour la paix et la sécurité dans la région », et s’est dit « convaincu que les Etats-Unis soutiendront les aspirations légitimes » des Palestiniens. Mais il y a peu de chances que ce discours porte au-delà de l’Atlantique. Les choses avaient certes bien commencé, entre le patriarche de la Mouqata’a, le siège de l’AP à Ramallah, et Donald Trump. Celui-ci se souvient de leur première rencontre, en 2017, à l’issue de laquelle il avait qualifié Mahmoud Abbas de « figure paternelle ».
« Claque du siècle »
Mais dès l’année suivante, en 2018, la relation entre les deux hommes s’est envenimée, en raison d’une série de mesures couperets de Washington : suppression de la contribution américaine à l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens ; suspension de l’aide de 200 millions de dollars versés chaque année à l’AP ; et transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Le coup de grâce est porté en janvier 2020, quand la Maison Blanche présente un « plan de paix » qui légalise la quasi-totalité des colonies juives de Cisjordanie et maintient Jérusalem sous l’autorité exclusive d’Israël.
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