Combien de médicaments permettent d’augmenter l’espérance de vie de plusieurs années ? Qui plus est, alors même qu’ils sont accessibles sans ordonnance ? Une nouvelle fois, une étude scientifique atteste que l’activité physique est bel et bien un traitement vital, parmi les plus efficaces. Les Américains de plus de 40 ans pourraient vivre 5,3 années de plus s’ils bougeaient autant que le quart de la population la plus active, selon des travaux menés par des chercheurs australiens, publiés le 14 novembre dans le British Journal of Sports Medicine.
A l’échelle individuelle, rien qu’une activité simple, comme la marche, peut permettre de rallonger sensiblement la durée de vie, les bénéfices les plus nets étant attendus chez les personnes les moins actives, soulignent Lennert Veerman, professeur de santé publique à l’université Griffith, en Australie, et ses collègues. Ainsi, pour les Américains du dernier quartile en termes de niveau d’activité physique, chaque heure supplémentaire de marche pourrait ajouter 6,3 heures d’espérance de vie, estiment-ils.
Systèmes cardio-vasculaire, respiratoire, cerveau, métabolisme… Les effets multiples de l’activité physique sont de mieux en mieux démontrés, tant en prévention des maladies que pour leur traitement.
Ses bénéfices en matière de santé publique, notamment sur la mortalité, ont cependant été longtemps sous-estimés, soulignent Lennert Veerman et ses coauteurs, les données d’activité physique dans les études épidémiologiques provenant essentiellement d’autodéclarations. Or, celles-ci ont tendance à surestimer l’activité physique, mais à sous-évaluer la sédentarité, temps passé en position assise ou allongée, hors sommeil.
Espérance de vie
Une revue de la littérature, publiée en 2019, fondée sur des études avec une évaluation objective de l’activité physique par accéléromètre – un dispositif portatif mesurant le volume et l’intensité de l’activité –, a remis les pendules à l’heure. Elle a montré que le risque de mortalité prématurée, toutes causes confondues, est réduit jusqu’à 50 %, voire 60 %, chez les individus les plus actifs, deux fois plus que les estimations précédentes.
Dans le même esprit, les chercheurs australiens ont exploité des données d’une cohorte américaine, la National Health and Nutrition Examination Survey, avec des mesures objectives d’activité physique par accéléromètre réalisées pendant une semaine, en 2003-2004 et 2005-2006. Parallèlement, à partir des données de mortalité américaines de 2017, ils ont évalué l’espérance de vie selon le niveau d’activité physique, réparti en quatre quartiles. Ainsi, alors que l’espérance de vie moyenne aux Etats-Unis à la naissance était de 78,6 ans en 2017, elle s’avère réduite de 5,8 ans chez les 25 % d’Américains de plus de 40 ans les moins actifs.
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