La Cour des comptes étrille, dans un rapport publié lundi, la politique de l’État en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Celle-ci peine, selon l’institution, à produire des « effets probants ».
En cause, notamment : « un portage politique en trompe-l’œil et d’un pilotage interministériel défaillant ».
Si les femmes sont désormais majoritaires au sein des professions intermédiaires et si elles ont davantage qu’avant accès à des métiers de cadre, les inégalités « se résorbent trop lentement », déplore la Cour des comptes dans un rapport de 150 pages publié lundi, estimant que la politique de l’État en faveur de l’égalité femmes-hommes peine à produire des « effets probants ». En cause, notamment : « un portage politique en trompe-l’œil et d’un pilotage interministériel défaillant ».
« Plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les mieux considérés et les plus rémunérateurs », relèvent les magistrats financiers. L’augmentation des crédits alloués est, lui aussi, en « trompe-l’œil » et résulte d’une « volonté d’affichage », souligne la Cour. Quant aux outils servant à mesurer les inégalités, ils progressent mais ils restent « insuffisants » et la question de l’égalité entre les femmes et les hommes apparaît encore « secondaire ».
Travail, enseignement…
En matière d’égalité professionnelle, les politiques en faveur de la mixité « peinent à porter leurs fruits » et l’articulation entre la stratégie interministérielle et les plans d’actions ministériels est « insuffisante », poursuit l’institution. Dans l’enseignement scolaire et universitaire, « le foisonnement d’actions ne constitue pas une politique publique », met en garde la Cour des comptes.
L’égalité entre les filles et les garçons est « partout et nulle part », or elle « nécessite un portage politique plus fort », ajoute l’institution. Face à la faible mixité des parcours, la Cour des comptes appelle à une « plus grande mobilisation » des branches professionnelles, notamment au moment des stages, pour « élargir les choix d’orientation et faciliter la découverte des métiers ».
Concernant les écarts de salaire persistants, le rapport estime que le ministère du Travail doit « s’impliquer davantage » pour revaloriser les métiers majoritairement exercés par des femmes. Il épingle enfin l’index « égalité professionnelle » instauré en 2018 qui ne concerne « qu’une faible part des salariés, tend à invisibiliser les inégalités réelles entre femmes et hommes, et ne s’accompagne pas toujours de pratiques plus vertueuses en matière d’égalité professionnelle ».
Quant au système de sanctions et de pénalités, il est « insuffisamment appliqué » avec 120 pénalités infligées « seulement » entre 2021 et 2024, note la Cour.