- Le nouveau patron de Stellantis dirigera le groupe depuis les États-Unis.
- Antonio Filosa a été désigné le 28 mai dernier pour prendre la tête du groupe aux 14 marques.
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C’est une annonce qui détonne. Quand il a été élu à l’unanimité à la tête du groupe Stellantis,
il y a deux semaines, après six mois de tergiversations à la suite de la mise à l’écart de Carlos Tavares, la presse italienne avait relevé avec fierté que le nouveau PDG du géant automobile était des leurs. Antonio Filosa, né à Naples en 1973, est entré dans le groupe Fiat en 1999, et a fait toute sa carrière au sein du groupe Fiat-Chrysler, jusqu’à la fusion avec PSA en 2021. Mais l’Italien a un fort tropisme américain, et va diriger Stellantis depuis les États-Unis, une première annoncée par le porte-parole du groupe, ce mardi 10 juin, confirmant une information du quotidien Les Echos
.
Des performances remarquées outre-Atlantique
Si le nouveau dirigeant a réservé ses premières visites à des sites de production français, ses performances comme directeur pour l’Amérique du Nord et du Sud comptent pour beaucoup dans sa nomination à la direction du groupe. Sous sa direction, « la marque Fiat est devenue leader du marché sud-américain, et les marques Peugeot, Citroën, Ram et Jeep s’y sont considérablement développées »
, indiquait alors Stellantis. Et depuis décembre 2024, « Antonio a positivement impressionné le conseil d’administration grâce au leadership avec lequel il a dirigé notre région d’Amérique du Nord »
, a appuyé le président exécutif John Elkann dans une lettre aux salariés.
L’anti-Tavares ?
Envoyé au Brésil en 2005, Antonio Filosa a gravi tous les échelons chez Fiat jusqu’à devenir, au moment de la fusion, le directeur des opérations pour toute l’Amérique du Sud, continent où Stellantis domine le marché. En 2023, il est appelé à Auburn, dans le Michigan, pour diriger la marque Jeep, l’un des fleurons du groupe aux États-Unis. Il enregistre des succès commerciaux notables, comme avec la Jeep Avenger
, première voiture électrique de la gamme, et élue « voiture de l’année » par la presse européenne en 2023.
Nommé en octobre 2024 à la direction du groupe pour l’Amérique du Nord, il a aussi eu l’occasion de montrer ses qualités de négociateur face au syndicat américain des ouvriers de l’automobile, trouvant une issue à une crise débutée sous Carlos Tavares. Il a également séduit les concessionnaires américains, en acceptant de baisser les prix de véhicules qui ne trouvaient plus preneur, à rebours de la politique de l’ex-patron du groupe.
Un marché américain crucial
Indépendamment des compétences démontrées par Antonio Filosa sur ce marché, qui lui valent sans doute son élection, l’effondrement des ventes aux États-Unis en 2024 est pour beaucoup dans la chute de son prédécesseur, Carlos Tavares. Car si l’Europe représente le premier marché du groupe en volume, il réalise l’essentiel de ses bénéfices en Amérique du Nord – grâce à ses marques américaines (Jeep, Chrysler, Dodge, et Ram).
C’est d’abord pour cela que le nouveau patron du 4ᵉ groupe automobile mondial sera basé à Detroit (Michigan), comme l’a précisé le porte-parole de Stellantis ce mardi. Un changement de centre de gravité hautement symbolique pour Stellantis, groupe créé en 2021 par la fusion du français PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et de l’italo-américain Fiat-Chrysler. Avec dorénavant à sa tête un dirigeant qui a passé l’essentiel de sa carrière outre-Atlantique.
Antonio Filosa doit encore être officiellement intronisé le 18 juillet lors d’une assemblée générale des actionnaires du groupe aux 14 marques, mais il devrait avoir les pouvoirs de directeur général à compter du 23 juin. Il sera dès lors rémunéré en dollars, autre symbole, avec un salaire de base annuel de 1,8 million de dollars. Il pourrait cependant toucher une rémunération progressivement plus élevée, montant jusqu’à 23 millions de dollars annuels en 2028 s’il atteint tous les objectifs qui lui sont fixés, selon un calcul de l’AFP.