- L’interprofession des œufs a dénoncé jeudi l’importation par certains distributeurs de centaines de milliers d’œufs d’Ukraine qui ne respectent pas les normes de production européennes.
- Elle réclame aux pouvoirs publics des contrôles de conformité renforcés afin d’éviter tout risque pour la santé des consommateurs.
Des œufs contenants des substances interdites en Europe commercialisés en France ? C’est ce que dénonce, jeudi 28 août, l’interprofession des œufs (CNPO) dans un communiqué, alertant les consommateurs et interpellant la grande distribution et les pouvoirs publics quant à l’importation de centaines de milliers d’œufs d’Ukraine ne « respectant pas les normes de production européennes et françaises »
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« Le CNPO demande aux pouvoirs publics de renforcer immédiatement les contrôles de conformité sanitaire sur ces œufs mis en rayon afin d’éviter tout risque pour la santé des consommateurs »
, est-il indiqué dans le communiqué. Plusieurs lots d’œufs provenant d’Ukraine avec un code 3, signifiant un élevage en cage, ont effectivement été repérés dans différentes grandes surfaces, dont des enseignes Carrefour et Leclerc, alors qu’ils « peuvent contenir des substances interdites en Europe »
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Une situation de concurrence déloyale
Une situation de concurrence déloyale
L’interprofession des œufs dans un communiqué
Les producteurs français du CNPO dénoncent donc une « situation de concurrence déloyale [qui] met en grand danger les éleveurs de nos territoires et leurs investissements »
. « Qu’on en importe un peu d’Espagne ou d’Italie, ça reste en Union européenne. Mais quand on va chercher en Ukraine, dont les normes ne sont pas en adéquation avec la réglementation européenne, ce n’est simplement pas possible »
, explique à l’AFP Yves-Marie Beaudet, président du CNPO.
Dans son communiqué, l’Interprofession écrit que les œufs ukrainiens ne respectent ni l’accord de la filière française sur l’ovosexage, permettant « d’éviter l’élimination de millions de poussins mâles »
, ni les normes en matière d’antibiotiques » strictement interdits dans l’Union européenne depuis plus de 15 ans »
. Le système d’alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l’Union européenne (Rasff) a de son côté recensé quatre contrôles en juillet et août ayant révélé la présence d’antibiotiques interdits dans des œufs en provenance d’Ukraine.
Un double discours de la grande distribution
« Les ventes ont augmenté de 5% en volume cette année (à fin juillet) par rapport à l’année 2024, soit environ 350 millions d’œufs en plus par rapport aux sept milliards de l’année dernière. On a été capable de répondre et de fournir la grande distribution »
, ajoute Yves-Marie Beaudet, dénonçant le double discours de la grande distribution, dont les fédérations ont quitté l’interprofession des œufs en juillet. Selon lui, les enseignes demandent aux producteurs de réduire la proportion de poules en cage, ce qui nécessite des transformations de bâtiments, voire refusent de commercialiser des œufs code 3, mais « ils se permettent d’en importer »
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Le président du CNPO reconnaît que les 300.000 œufs récemment importés selon lui par E. Leclerc ne représentent qu’une très faible quantité, même s’il y voit « peut-être un coup d’essai »
visant à s’approvisionner à moindre coût. D’autant que certains rayons se sont parfois vidés depuis le début de l’année, la faute à des tensions dans les stocks, face à l’augmentation de la consommation d’œufs, protéine animale privilégiée en période d’inflation.