De 1973 à 2023, les dépenses publiques sont passées de 40,9 % à 57 % du produit intérieur brut (PIB). Malgré cette hausse, la justice est plus lente que chez nos voisins, la France a dégringolé depuis 2008 dans le classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves et les services d’urgence sont saturés dans les hôpitaux… Pourquoi ? Lucie Castets et Lisa Darbois en débattent pour Le Monde.
La première est devenue une personnalité publique après les élections législatives de 2024, lorsque le Nouveau Front populaire a proposé son nom pour Matignon. Haut fonctionnaire, cofondatrice de l’association Nos services publics, elle est l’autrice d’un vibrant plaidoyer pour ces derniers, Où sont passés nos milliards (Seuil, 180 pages, 14,90 euros). La seconde est directrice des études France à l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion d’inspiration libérale. Elle est une spécialiste de l’efficacité de l’Etat, des finances publiques et des classes moyennes.
Pourquoi la qualité des services publics baisse-t-elle, malgré des financements en hausse ?
Lucie Castets : La première explication, c’est que les besoins augmentent fortement. Le vieillissement de la population et l’explosion des maladies chroniques ont conduit à davantage de demande de services de santé. L’accès au baccalauréat de plus de 80 % d’une classe d’âge a accru la pression sur l’enseignement supérieur. L’augmentation des déplacements a mis en tension les transports publics. On peut aussi citer des évolutions sociétales bienvenues : depuis #MeToo, le recul de la tolérance vis-à-vis des violences faites aux femmes a, par exemple, gonflé le nombre de plaintes pour viol que la justice doit instruire.
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