François Hollande est le Bob Dylan de la gauche française. Aussi endurant et persévérant que le barde américain, 83 ans, qui poursuit son never ending tour (sa tournée de concerts sans fin), l’ex-président, 70 ans, s’est engagé dans un périple similaire, certes moins rock que politique. Jusqu’où cela le mènera-t-il ? A devenir le premier ex-président français à réussir un come-back, en 2027 ? Mardi 12 novembre, il faisait étape dans un café du 11e arrondissement de Paris pour une heure d’échanges avec des sympathisants socialistes. François Hollande a devisé en terrain conquis, sous l’égide de Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération et récent fondateur du site Lejournal.info, qui le suit pas à pas depuis des années.
La sortie de son dernier livre, Le Défi de gouverner. La gauche et le pouvoir depuis l’affaire Dreyfus (Perrin, 416 pages, 23 euros), le troisième en quatre ans, et ces multiples séances de dédicaces à travers le pays permettent au député de Corrèze de multiplier les variations sur un unique thème éternel : il faut compter, encore et toujours, avec l’ancien président (2012-2017). François Hollande a notamment livré une anecdote drôle et exclusive : « En 2016, à la fin de mon quinquennat, j’avais demandé d’imprimer des affiches où il aurait été écrit “Ce n’était pas si mal”. Visiblement, ce n’était pas suffisamment convaincant. »
François Hollande a renoncé à se représenter en 2017, mais l’histoire pourrait ne pas se répéter : « Plus le temps passe, plus je réhabilite mon propre bilan. » Il a marqué une pause, puis : « On peut justifier son propre bilan sans dire qu’on va refaire forcément la même chose. » Le sous-titre est de plus en plus explicite et prolonge une litote, figure de style qu’il goûte particulièrement, exprimée fin octobre, dans la revue trimestrielle L’Hémicycle : « Je ne suis pas indifférent à 2027. »
Le prochain invité de Lejournal.info sera Bernard Cazeneuve, son ancien premier ministre. François Hollande n’a pas paru vexé. On le précise, car une forme de compétition soudaine a émergé entre les deux hommes, au moment où Emmanuel Macron était en quête, après la dissolution au mois de juin, d’un premier ministre. Un temps fortement pressenti pour être nommé à Matignon, Bernard Cazeneuve a finalement été éconduit au profit de Michel Barnier, et il en veut à François Hollande, son ami politique depuis la fin des années 2000. Il le soupçonne d’avoir voulu faire avorter sa nomination. Bernard Cazeneuve a livré sa pensée dans La Tribune dimanche, le 3 novembre : « L’épisode de cet été n’a rien révélé que je ne savais déjà de François, donc ça n’a rien changé entre nous. »
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