Un large sondage révèle que le candidat du RN, que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella, devrait arriver en tête du premier tour de la présidentielle 2027, dans plusieurs hypothèses.
Face à certains rivaux, le candidat du parti d’extrême droite cumule parfois jusqu’à 17 points d’avance.
Le scénario le plus probable est celui d’un duel au second tour avec l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui s’annonce en revanche serré s’il affronte Jordan Bardella.
Suivez la couverture complète
Procès du RN : Marine Le Pen et le parti condamnés
Loin d’être fragilisé par la peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen, le RN pourrait bien rester le grand favori du prochain scrutin présidentiel. Selon un vaste sondage auprès de 10.000 personnes et publié ce lundi 5 mai, le parti d’extrême droite « continue de s’imposer avec force » face aux candidats potentiels des autres partis. Il serait le « mieux placé pour se qualifier au second tour », que son candidat soit la cheffe de file de ses députés ou son président, Jordan Bardella. Au second tour, il peut l’emporter, « sauf peut-être » face à l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, un duel qui est l’hypothèse dominante pour l’heure.
L’élection de 2027 est encore entourée de nombreuses incertitudes, après la condamnation de Marine Le Pen en mars dernier à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire (nouvelle fenêtre) pour détournement de fonds publics. La députée du Pas-de-Calais, finaliste lors des deux dernières présidentielles, a contesté la décision en appel, mais si la justice ne lui donne pas raison, l’eurodéputé Jordan Bardella s’est dit prêt à se porter candidat à sa place (nouvelle fenêtre). Quant à leurs potentiels rivaux, sachant que l’actuel président Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter, peu de personnalités ont déjà officialisé leur candidature, mais certaines ont tout de même fait part de leurs ambitions.
Sur ces bases, un sondage Ifop réalisé en avril pour l’observatoire de statistiques Hexagone a étudié différents scénarios : il a constaté que le candidat RN arrive largement en tête au 1er tour, avec de 32 à 35% d’intentions de vote, quelle que soit la configuration testée. Et le résultat n’évolue guère, que le candidat soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella (nouvelle fenêtre).
Edouard Philippe, le seul à même de tenir le bras de fer au second tour
L’un comme l’autre pourraient se dégager une confortable avance, avec jusqu’à 17 points d’avance sur leur rival en deuxième position, note l’enquête d’opinion. Le RN s’impose ainsi comme le premier parti des actifs, qui sont 36% à voter pour lui, mais aussi des retraités (29%).
Quant à ses concurrents, dans toutes les hypothèses testées, « le candidat RN se qualifie en tête pour le 2e tour face à un candidat centriste », relève aussi l’étude. Le seul à même de leur faire de l’ombre serait Édouard Philippe (nouvelle fenêtre) : dans l’hypothèse où le patron du parti Horizons, serait le candidat unique du bloc central, il arriverait nettement en deuxième position, avec 22 à 26% des voix. Un tel duel au second tour serait même « le plus probable », selon le sondage.
Dans ce scénario, le maire du Havre, officiellement en lice pour la course à l’Élysée (nouvelle fenêtre), ferait bien mieux qu’un autre ex-Premier ministre macroniste, Gabriel Attal, qui rassemblerait quant à lui 14% des suffrages. Le numéro 1 de Renaissance, plus marqué à gauche que son concurrent, pâtit d’une « sous-performance auprès des retraités » mais aussi au sein de l’électorat d’Emmanuel Macron.
Non seulement le duel entre Edouard Philippe et le RN au second tour est l’hypothèse la plus dominante à ce stade, mais le candidat centriste pourrait l’emporter en définitive. Le match serait « ouvert » : 50/50 en cas de face à face Edouard Philippe et Jordan Bardella, et 52% contre 48% en faveur d’Edouard Philippe contre Marine Le Pen. Des estimations à prendre néanmoins avec prudence : dans les deux cas, 28% des répondants ne formulent aucune intention de vote à ce stade, un niveau élevé.
Gabriel Attal pourrait lui être défait d’une courte avance par Jordan Bardella, avec 52% contre 48% des suffrages, mais cette hypothèse reste moins probable à l’heure actuelle, et un sondé sur trois refuse de se prononcer sur ce scénario.
À gauche, Jean-Luc Mélenchon défié par Raphaël Glucksmann ?
Quant à la gauche, le sondage part du principe qu’elle sera divisée. Le chef de file insoumis Jean-Luc Mélenchon, troisième homme de la présidentielle 2022, pourrait avoir l’avantage sur de potentiels concurrents des autres partis, mais pas tous. « L’hypothèse d’une candidature de Raphaël Glucksmann », eurodéputé Place Publique et allié des socialistes lors des législatives de l’an passé, « parvient à faire jeu égal » (nouvelle fenêtre), pointe le sondage.
Dans un scénario où seuls les deux hommes se présenteraient à gauche, Raphaël Glucksmann, qui « rassemble plus largement la gauche », dépasserait légèrement l’Insoumis, avec 15 % des voix contre 13 %. Autre scénario : une candidature du député Picardie Debout François Ruffin, qui a quitté LFI (nouvelle fenêtre). Il peinerait à tirer son épingle du jeu en cas de candidatures multiples, mais dans le cas où seuls lui et Jean-Luc Mélenchon se présentent, il n’est dépassé que de deux points par l’Insoumis (12% contre 10%).
Reste que quelle que soit l’hypothèse, tant que la gauche présentera plusieurs candidats, il est difficile d’imaginer qu’elle puisse accéder au second tour. Le sondage se penche tout de même sur le scénario d’un duel Jean-Luc Mélenchon et Jordan Bardella, bien que moins probable à ce stade : le candidat RN l’emporterait largement, à 67% contre 33%. Une large part de répondants a refusé de se prononcer sur cette projection.
Bruno Retailleau devance Laurent Wauquiez mais ne s’impose pas
Enfin, du côté de la droite, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau aurait l’avantage sur le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, son rival dans la course à la présidence du parti, (nouvelle fenêtre) dont l’élection se déroulera les 17 et 18 mai prochains. D’ici là, le sondage relève déjà « l’avance prise » par le ministre « dans l’opinion à droite ». Il atteint la barre des 10% dans une configuration avec seuls deux candidatures à gauche (Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin) et Edouard Philippe comme unique candidat centriste. Par ailleurs, dans un scénario proche mais avec divers candidats à gauche, il grimpe à 8%, contre 3% pour Laurent Wauquiez.
Bruno Retailleau réussit en effet à « mieux mobiliser son propre camp », mais pour autant, il n’est « à ce stade, pas en capacité de s’imposer face au centre, même dans l’éventualité d’une division entre Gabriel Attal et Édouard Philippe ». Un second tour l’opposant à Jordan Bardella est donc peu probable pour l’heure. Et s’il a lieu, il devrait être battu (47% contre 53%), une projection encore très spéculative, avec près de quatre répondants sur dix refusant de se prononcer sur celle-ci.
Sondage Ifop pour Hexagone réalisé du 11 au 30 avril 2025 auprès d’un échantillon de 9.128 personnes inscrites sur les listes électorales, extraites d’un échantillon de 10.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, complété par un échantillon de 1.838 personnes inscrites sur les listes électorales, extraites d’un échantillon de 2.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.