Les observateurs de l’Organisation des États américains (OEA) et de l’Union européenne (UE) ont rejeté mardi 15 avril les accusations de fraude électorale portées par la gauche dans l’élection présidentielle en Équateur, tout en exprimant leur inquiétude face à la désinformation, aux tensions et à l’« iniquité » dans la campagne.
Selon des résultats quasi définitifs, le président sortant Daniel Noboa est sorti vainqueur du second tour de dimanche avec une avance de onze points sur sa rivale de gauche Luisa Gonzalez. Cette dernière n’a pas reconnu sa défaite et a dit vouloir demander un recomptage des voix.
Dimanche a été une « journée électorale transparente et bien organisée, (ce) qui dément les allégations de fraude » mais rend nécessaire d’« entreprendre des réformes », a déclaré Gabriel Mato, le chef de la mission d’observation électorale de l’UE, au cours d’une conférence de presse à Quito.
Comme l’OEA et le Conseil national électoral de l’Équateur (CNE) avant elle, cette délégation a souligné l’absence de preuves démontrant une quelconque manipulation des résultats électoraux. Cependant, elle juge « nécessaire d’éviter de confondre les rôles de candidat et de président, ceux-ci doivent être parfaitement délimités » pendant la campagne électorale, a souligné M. Mato. L’OEA a également dit avoir « observé avec préoccupation » une « iniquité pendant la campagne ».
Dauphine de l’ex-dirigeant socialiste Rafael Correa (2007-2017), Luisa Gonzalez, une avocate de 47 ans, ambitionnait de devenir la première femme présidente élue en Équateur. Daniel Noboa, un homme fortuné âgé de 37 ans au pouvoir depuis novembre 2023, fait désormais face au défi de redresser un pays miné par la violence des groupes liés au narcotrafic et plongé dans une crise économique. « Le bien a vaincu le mal, la justice a vaincu l’impunité et la liberté a vaincu l’oppression », a déclaré mardi Noboa depuis le balcon présidentiel face à des partisans réunis.
« Polarisation extrême »
Les observateurs internationaux ont dénoncé les attaques personnelles entre les candidats au cours la campagne électorale. Ils ont également souligné la propagation de fausses informations « souvent amplifiées par des publicités payées ». « Cela est venu s’ajouter à un contexte de polarisation politique extrême », a relevé l’OEA.
Le second tour s’est déroulé dans un climat de tensions aiguës, dans un pays où une personne a été tuée chaque heure en janvier et février, soit le début d’année le plus violent jamais enregistré malgré la politique de fermeté de Daniel Noboa contre les groupes criminels.
L’élection a eu lieu après que l’état d’urgence avait été décrété par le gouvernement dans plusieurs régions, une mesure toutefois sans impacts graves sur le déroulement normal du scrutin, selon les observateurs. Ces derniers ont néanmoins qualifié d’« exagérée » l’interdiction d’utiliser les téléphones portables au moment de voter. Selon le CNE, le camp de Luisa Gonzalez n’a pas encore effectué de demande officielle de recomptage des bulletins de vote, après avoir parlé de « fraude électorale grotesque ».
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Mme Gonzalez a reçu l’appui du président colombien de gauche Gustavo Petro qui a demandé sur X que soient « vérifiés » les procès-verbaux des bureaux de vote après avoir reçu des rapports « inquiétants » d’observateurs électoraux colombiens. Daniel Noboa a reçu les félicitations de plusieurs présidents, dont ses homologues américain Donald Trump et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
« Comment parler de fraude alors que les deux organisations (de Mme Gonzalez et M. Noboa) ont eu la grande chance d’observer elles-mêmes le processus ? », a déclaré dans la matinée Diana Atamaint, la présidente du CNE, dans un entretien avec la chaîne de télévision Teleamazonas. L’autorité électorale doit proclamer les résultats définitifs dans les jours qui viennent afin de permettre à Daniel Noboa d’être investi par l’Assemblée nationale le 24 mai, pour un second mandat allant jusqu’en 2029.