Enquête
C’est un épisode oublié, qui, en son temps, avait secoué le monde de la culture française. En janvier 1963, Charles de Gaulle envoie La Joconde aux Etats-Unis pour huiler les rapports tendus avec l’allié américain, sur fond de divergences à propos de l’arme nucléaire et des questions de souveraineté. Le chef de l’Etat avait alors passé outre à l’hostilité des conservateurs du Louvre, qui jugeaient le panneau bien trop fragile pour un voyage transatlantique.
« On a parlé des risques que prenait ce tableau en quittant le Louvre. Ils sont réels, bien qu’exagérés, déclare alors le ministre de la culture, André Malraux, lors de l’inauguration de l’exposition de Monna Lisa à la National Gallery de Washington, en présence du président américain, John F. Kennedy. Mais ceux qu’ont pris les gars qui débarquèrent un jour à Arromanches – sans parler de ceux qui les avaient précédés vingt-cinq ans plus tôt – étaient beaucoup plus certains. »
Par la suite, le tableau fut envoyé au Japon en 1974 et, dans la foulée, en Union soviétique. « Dans tous les cas, il s’agissait d’améliorer la qualité des relations diplomatiques et commerciales avec ces pays », souligne l’historienne d’art Laurence Bertrand Dorléac, rappelant que « les œuvres d’art sont des agents politiques actifs ».
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