Le procès des viols de Mazan a mis en lumière le fléau de la soumission chimique.
Les plateformes d’écoutes sont submergées d’appels liés à ce sujet de la part d’éventuelles victimes.
Les professionnels alertent notamment sur la trop grande accessibilité des drogues permettant de soumettre chimiquement une personne.
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Le procès hors norme des viols de Mazan
Les appels ne cessent pas. Dans une cellule d’aide aux victimes de violences tenue par la Fondation nationale solidarité femmes (FNSF), le téléphone sonne en moyenne 300 fois par jour. Au bout du fil, de plus en plus de femmes se renseignent sur la soumission chimique. Un thème récurrent depuis le début du procès des viols de Mazan. Les appels à ce sujet ont quadruplé ces derniers temps.
Un phénomène en recrudescence
« On a pu avoir des témoignages de femmes qui se disent : ‘tiens, c’est drôle, ça fait aussi plusieurs mois que je suis complètement vaseuse, quand je me réveille, je me sens tout le temps fatiguée, je me sens endormie et le procès m’a permis de me rendre compte que peut-être, je vivais la même chose. J’avais des doutes, mais ça me paraissait complètement dingue' », donne en exemple Mine Gunbays, directrice générale de la FNSF.
Les appels s’adressent aux associations d’aides aux femmes comme aux centres anti-poison. Les victimes présumées tapent à toutes les portes. Parmi elles, certaines craignent avoir été droguées à leur insu. Le profil type correspond à des femmes entre 30 et 50 ans. Les hypothèses sont multiples pour expliquer une telle recrudescence.
« Je pense qu’on en parle plus facilement qu’avant. Et puis, je pense aussi que les substances circulent plus facilement et il y a des voyous qui ont pris conscience qu’on pouvait utiliser ces substances pour droguer quelqu’un d’autre », alerte Magali Olivia-Labadie, toxicologue et cheffe de service du centre anti-poison de Bordeaux, dans le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article.
Ce sont souvent des sédatifs avec un effet amnésique qui sont utilisés. De plus en plus accessibles, ils sont par ailleurs de moins en moins détectables. C’est là toute la difficulté que rencontrent les scientifiques chargés d’analyser les échantillons de sang et d’urine qui arrivent dans leur laboratoire.
« On est à la recherche de concentrations très faibles. Parce que les doses utilisées sont faibles, et ce sont des produits qui s’éliminent très vite », souligne Karine Titier, pharmacienne biologiste et responsable du laboratoire de toxicologie du CHU de Bordeaux. Dans certaines structures, les échantillons peuvent être conservés plusieurs années pour permettre aux autorités de les utiliser lors d’éventuelles enquêtes judiciaires.