Choukri Ghanem n’imaginait pas qu’une petite page de son calepin passerait à la postérité. Il n’imagine d’ailleurs plus grand-chose aujourd’hui ; il a été retrouvé le 29 avril 2012 à Vienne, flottant plus mort que vif dans les eaux froides du Danube. Le ministre libyen du pétrole est officiellement décédé d’une crise cardiaque, mais les services américains, et ce n’étaient pas les seuls, avaient jugé sa mort « hautement suspecte ». Cet ancien chef du gouvernement du colonel Kadhafi, de 2003 à 2006, avait pris l’habitude de noter dans son calepin les faits saillants de sa journée, et avait inscrit à la page du 29 avril 2007 que deux autres hauts dignitaires libyens lui avaient raconté qu’ils avaient envoyé plusieurs millions d’euros à Nicolas Sarkozy.
C’est un sérieux écueil pour la défense de l’ancien chef d’Etat, jugé pour des soupçons de financement par la Libye de sa campagne présidentielle de 2007 : il soutient que la poignée de proches de Kadhafi qui l’accusent depuis 2011 de l’avoir payé pour sa campagne ne cherchaient qu’à se venger de la guerre qui a renversé le régime, en octobre de cette même année. Mais si les premières accusations, dans le calepin de Ghanem, interviennent dès 2007, l’hypothèse s’effondre.
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