Trois hommes ont récemment été interpellés et mis en examen.
Deux d’entre eux sont suspectés d’avoir préparé un attentat terroriste.
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Le 20H
Un futur attentat déjoué ? Trois individus de 19 à 24 ans ont récemment été interpellés à Dunkerque (Nord). À l’issue de la garde à vue, ils ont été placés en examen. Deux d’entre eux, dont le principal suspect, Morad M., ont été inculpés pour « association de malfaiteurs terroriste » et « détention de produit incendiaire ou explosif en relation avec une entreprise terroriste », conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (PNAT). Ils ont été placés en détention provisoire. Le troisième a été mis en examen pour « non-dénonciation de crime terroriste ».
Le Raid et la police locale ont perquisitionné le foyer de réinsertion en plein centre de Dunkerque où vivait Morad M., soupçonné de préparer un attentat kamikaze, depuis trois ans. Ils ont été alertés par l’un de ses complices, paniqué à mesure que le projet d’attentat suicide se concrétisait, « Moi, j’ai entendu juste un boum, c’est tout, j’ai vu la police. Là, franchement, j’ai peur, je le dis tout de suite, j’ai peur », témoigne une voisine au micro de TF1. « J’aurais pu me promener à côté de lui sans le savoir, on ne connaît pas les réactions », glisse une autre.
Dans la chambre du suspect, les enquêteurs ont découvert un gilet artisanal, une recette pour fabriquer de l’explosif et une lettre d’allégeance à l’État islamique. Confus en garde à vue, le suspect principal, qui n’était pas fiché S et était inconnu des services de police, a affirmé avoir plusieurs cibles en tête – cafés, boîtes de nuit, synagogue et son propre foyer, d’après des sources policières.
Une radicalisation récente
Selon le directeur du foyer Soliha, l’intéressé, sans emploi, a vécu une enfance difficile, avec un père absent et une mère en proie à de nombreuses difficultés. « C’est un jeune homme avec un parcours de réinsertion fait de beaucoup d’échecs, poursuit le directeur de la structure. Aucune problématique grave n’a été signalée dans le collectif, mais des petits faits de comportement nous ont mis la puce à l’oreille », indique Josseran Floch, dans des propos rapportés par France 3. Récemment, sa radicalisation était devenue plus visible, si bien que les éducateurs avaient fait un signalement auprès de la préfecture dès octobre 2024. « Très concrètement, c’était ni plus ni moins que la barbe qui commençait à pousser. C’était effectivement la tunique, le qamis, le rapport à la religion qui devenait plus prégnant dans les discussions », souligne Josseran Floch, au micro de TF1.
Alors comment cet individu est-il passé entre les mailles du filet ? Selon les observateurs, ce type de profil reste difficile à détecter. Quand bien même ils se montrent actifs sur les réseaux sociaux. « Avec l’affaiblissement des grandes organisations terroristes structurantes tels que l’Etat islamique et Al-Qaïda, on observe beaucoup plus d’amateurisme dans la mise en œuvre de projets terroristes. 90% des individus impliqués dans des actes de terrorisme en France sont inconnus des services de renseignement », met en avant Jean-Charles Brisard, consultant, spécialiste des questions terroristes. Les investigations permettront d’y voir plus clair.