Le président américain, Donald Trump, a obtenu une importante victoire législative avec l’adoption de justesse au Sénat, mardi 1er juillet, de son pharaonique projet de loi budgétaire de plusieurs milliers de milliards de dollars, qui comprend des crédits d’impôt massifs, mais aussi de vastes coupes dans la santé.
Au terme de plus de vingt-six heures de votes sur des dizaines d’amendements, les sénateurs républicains ont finalement réussi à surmonter leurs différends pour adopter cette « grande et belle loi », comme l’a baptisée le 47e président américain qui fait figure de pierre angulaire de son programme économique pour ce second mandat.
Malgré une majorité républicaine de 53 sièges sur 100, le vote s’est terminé à égalité à 50-50, et c’est le vice-président, J. D. Vance, qui a été chargé de donner le dernier vote pour, comme le veut la Constitution. Avant le vote, Donald Trump avait minimisé l’opposition dans son propre camp. « Ça va rentrer, ça va passer, et nous allons être très contents », avait-il déclaré à la presse.
Si le Sénat était engagé dans un marathon législatif depuis deux jours, c’est la Chambre des représentants qui est désormais lancée dans un sprint pour adopter la version révisée du projet de loi avant vendredi. Depuis près d’une semaine, Donald Trump fait en effet le forcing auprès des parlementaires pour faire passer ce texte phare avant le 4 juillet, jour de la fête nationale que le républicain de 79 ans a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation.
Prévision d’augmentation de la dette de plus de 3 000 milliards de dollars d’ici 2034
Enjeux principaux du « One big beautiful bill » : la prolongation de colossaux crédits d’impôt adoptés lors de son premier mandat, mais aussi l’élimination de l’imposition sur les pourboires, ou encore des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l’immigration. Mais experts comme politiques montrent du doigt l’explosion attendue du déficit de l’Etat fédéral.
Le bureau budgétaire du Congrès, chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, estime que le texte augmenterait la dette de plus de 3 000 milliards de dollars d’ici 2034. L’extension des « crédits d’impôt Trump » coûterait à elle seule 4 500 milliards de dollars.
Pour la compenser en partie, les républicains ont prévu notamment de sabrer dans Medicaid, programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux revenus modestes. Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également au programme, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales aux énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
Opposition à la Chambre des représentants
Désormais soumis à la Chambre des représentants, le texte devrait aussi y subir l’opposition d’élus conservateurs réfractaires aux changements apportés par le Sénat à leur version. Or, les républicains n’y disposent que d’une fine majorité et les démocrates sont opposés en bloc au projet de loi.
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A ces querelles internes, est venue s’ajouter lundi l’opposition franche et bruyante d’Elon Musk, qui a dénoncé l’impact du texte sur la dette publique. Ancien proche allié de Donald Trump, il avait été chargé de sabrer dans les dépenses de l’Etat fédéral avec le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) avant que les deux milliardaires ne se brouillent de manière spectaculaire à la face du monde.
« Nous vivons dans un pays au parti unique : le parti des cochons qui se goinfrent », a cinglé le patron de SpaceX et Tesla sur son réseau social X. L’homme le plus riche de la planète a mis en garde : si le texte est adopté, il lancera un nouveau parti et financera la campagne aux primaires républicaines de candidats opposés aux parlementaires actuels.
Donald Trump lui a répondu de manière sèche mardi, avec une menace à peine voilée. « Il est très fâché, mais vous savez, il pourrait perdre bien plus que ça », a déclaré le président américain, suggérant de demander àau DOGE d’examiner les nombreuses affaires des entreprises d’Elon Musk avec l’Etat fédéral.