La Corée du Nord détient environ 2 tonnes d’uranium hautement enrichi, une quantité suffisante pour produire de nombreuses bombes atomiques, a estimé, jeudi 25 septembre, le gouvernement sud-coréen, citant des experts.
« Les experts, notamment la Fédération des scientifiques américains (FAS), estiment les stocks d’uranium hautement enrichi de Pyongyang à environ 2 000 kilos », a déclaré le ministre de l’unification, Chung Dong-young, soulignant qu’il est enrichi « à plus de 90 % ». Une telle quantité est « suffisante pour faire un nombre considérable d’armes nucléaires », a-t-il averti.
Enrichi à un faible niveau (entre 3 % à 5 %), l’uranium sert à alimenter les centrales nucléaires civiles pour la production d’électricité. A un taux très élevé (90 %), on parle d’un « uranium de qualité militaire » qui peut servir à fabriquer la bombe A, communément appelée bombe atomique. A condition toutefois de disposer d’une masse critique de matière fissile suffisante pour déclencher la réaction en chaîne qui provoquera l’explosion.
Discussions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord
Selon la définition de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il faut environ 42 kilos d’uranium enrichi. Pyongyang disposerait donc d’un stock permettant, en théorie, de faire près d’une cinquantaine de bombes. A titre de comparaison, l’Iran disposait, avant la guerre avec Israël, en juin, d’un stock estimé à 400 kilos d’uranium hautement enrichi (à 60 %) dont le sort demeure inconnu depuis les frappes.
« A cette heure précise, les centrifugeuses d’uranium de la Corée du Nord fonctionnent sur quatre sites », s’est alarmé le ministre sud-coréen devant des journalistes. « Mettre fin au développement nucléaire de la Corée du Nord est urgent », a soutenu M. Chung, qui estime que la seule solution réside dans un sommet entre Pyongyang et Washington et déplore l’inefficacité des sanctions internationales.
Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un a souligné cette semaine qu’il serait ouvert à des discussions avec les Etats-Unis, à condition qu’il puisse maintenir son arsenal nucléaire.
Premier essai nucléaire en 2006
On sait de longue date que le Nord détient une quantité « significative » d’uranium hautement enrichi, matériel indispensable pour produire des ogives nucléaires, selon le ministère sud-coréen de la défense.
La Corée du Nord a effectué son premier essai nucléaire en 2006 et est soumise à une série de sanctions des Nations unies pour son programme nucléaire. Le pays n’avait pas divulgué les détails de son installation d’enrichissement d’uranium avant septembre.
Il exploite plusieurs installations d’enrichissement d’uranium, selon l’agence de renseignement sud-coréenne, notamment sur le site nucléaire de Yongbyon, que Pyongyang aurait prétendument démantelé après des négociations, puis réactivé en 2021.