La première fois qu’un professionnel de santé émet l’hypothèse d’un trouble bipolaire me concernant, j’ai 26 ans et cela fait des années que je vis avec des phases extrêmes de l’humeur. Les difficultés remontent à loin, depuis toute gamine. Ma mère m’a toujours dit que, quand je descendais l’escalier le matin, elle se demandait quelle Pauline elle aurait face à elle, que je pouvais avoir un côté « ange ou démon ». Je garde peu de souvenirs de petite, mais je sais que j’avais du mal avec la gestion de ma colère, et que je dormais très peu.
Au collège et au lycée, c’était difficile. Je n’avais pas de mots à l’époque, mais avec le recul je me dis que je traversais déjà des épisodes hypomaniaques [l’une des phases ascendantes du trouble de l’humeur], durant lesquelles je me mettais en danger. J’ai commencé à fumer de la drogue dès la 3e, ce qui générait des crises intenses de paranoïa et de peur de la mort. Je faisais souvent le mur dans mon village. J’ai commencé à vivre de grandes phases dépressives à partir de la 5e. Tout était constamment un drame, sous couvert de crise d’ado pour mes parents.
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