Selon la tradition musulmane, le Coran est la Parole de Dieu, telle que révélée à Mahomet à partir de l’an 610 par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, qui lui serait apparu à de multiples reprises pendant une vingtaine d’années. Mais comment est-on passé d’une révélation orale [le mot « coran » lui-même signifie « récitation »] à une mise par écrit du texte coranique ? Celle-ci se met en place progressivement, au cours des VIIIe et IXe siècles.
Les sources arabes s’accordent pour affirmer qu’il n’existe pas, au moment de la mort de Mahomet en 632, de texte continu de la Révélation sous forme d’un livre : il semblait ainsi impossible de clore un message en continuelle mutation, du fait de la venue de nouvelles révélations qui prenaient éventuellement place au milieu d’autres, plus anciennes.
Cela ne signifie pas que rien n’aurait été mis par écrit du vivant du Prophète : la tradition musulmane est même unanime pour faire remonter les débuts de la transmission écrite à l’époque même de la prédication de Mahomet, des fidèles prenant alors l’initiative de noter des révélations et le Prophète en dictant lui-même à des « scribes de la Révélation » – ce que suggèrent aussi les travaux de l’islamologue allemande Angelika Neuwirth.
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